Les statistiques ethniques en débat.
La question est réglée par SOS Racisme, association dont je suis membre : ils n'en veulent pas.
Dès qu'on évoque ce sujet, il y a débat. Les Français, d'après ce que j'ai pu constater (mais c'est empirique) y sont plutôt hostiles. Comme Roselyne Bachelot, j'ai tendance à reconnaître que "la France ne reconnait qu'une seule communauté : la République".
Il y a aussi une crainte de stigmatisation de populations. On sait
bien que les prisons sont, en proportion, plus noires et arabes que la populaton dans son ensemble. Il y a
d'ailleurs déjà eu des études sur la question, mais on emploie le terme
"d'origine étrangère" comme si c'était mieux (voyez aussi la langue de
bois de la presse). Or, non, il s'agit bien de Français Noirs et Arabes.
Et
certains, sans le dire, craignent que ces chiffres n'accréditent le
racisme de certains politique. Et oui vous vous rendez compte, si on
apprend que 25% des chômeurs sont Noirs ou que les prisons sont
peuplées à 20% d'Arabes, on risque d'accréditer les idées du FN . Mais
comme nous l'avons
toujours fait, il suffira d'argumenter. Ce n'est pas parce que la
majorité des détenus sont Noirs ou Arabes que tous les les Noirs ou
tous les Arabes sont délinquants.J'habite à Aubervilliers donc j'habite
en Seine-Saint-Denis mais ce n'est pas parce que j'habite en
Seine-Saint-Denis que j'habite Aubervilliers.Il ne faut pas prendre le
problème à l'envers ! Par ailleurs il faudra s'interroger aussi sur les
raisons qui font qu'on atterit en prison... Et rappeler qu'un être
humain n'a pas à répondre des actes de sa communauté.
Et vous vous imaginez si on dit que 50% des
Noirs vivent sous le seuil de pauvreté, ça va être la Révolution
!
(Attention tous mes chiffres sont TOTALEMENT fictifs)
Mais qu'avons
nous à craindre au fond ? Ces réalités existent, et nous le savons
tous. Il serait bon de les chiffrer et d'arrêter de se mettre des
oeillères. Je refuse de jouer à l'autruche. Laissons les sociologues faire leur travail. Il ne s'agit
pas de stigmatiser mais d'enquêter. Mais enquêter pour faire quoi ?
Pour des publicitaires, OK. Car il n'y a que nos politiques qui
refusent de voir que les communautés, ça existe... (d'ailleurs pour moi
ce n'est pas un mal si la communauté n'est pas dévorante et surtout si
elle n'est pas regroupée géographiquement). Mais ces stats nous
seraient-elles utiles en politique ? C'est là que le bât blesse... Car
en vertu du principe énoncé par Roselyne Bachelot, nous ne pourrons
rien faire... mais c'est un autre débat.
Au fait je n'emploie pas le terme "Maghrébin" à dessein, les Français qui s'en servent ne sachant pas distinguer un Egyptien, un Saoudien d'un Marocain, il est évident qu'ils veulent dire "Arabe", mais voilà, dans leur esprit "Arabe" est connoté négativement (voleur, etc). Je m'inscris en faux contre ce cliché en employant le bon terme parce que pour moi il n'y aucune honte à être Blanc, Noir ou Arabe et que je le reconnais, je ne sais pas distinguer un Yéménite d'un Tunisien, tout comme je ne sais pas distinguer un Polonais d'un Slovaque ou d'un Italien. Il faut dire que ça ne m'a jamais intéressé, tout simplement parce que je ne pose jamais la question aux gens avec qui je parle. Je considère que c'est une insulte de demander à un Asiatique ou à un Arabe qui vous parle parfaitement français d'où il vient, même si la plupart du temps ça dégouline de bons sentiments. Malheureusement, j'en connais un certain nombre à qui c'est arrivé. Le prénom, qui peut être asiatique (mais même pas forcément !) n'est pas une excuse. Demandez-vous à votre copain Brandon, Mike ou à votre amie Cynthia, bien blancs, s'ils sont d'origine américaine ? Quant à ces profs qui demandaient ou continuent de demander : "Ah Ngoc-Ahn, c'est mignon, ça vient d'où ?", il faudrait que les élèves répondent : "Neuilly-sur-Seine, Madame" pour leur rabattre le caquet. D'ailleurs, la prof en question, même si elle est pleine de bons sentiments ne donnerait pas ce prénom à sa fille, car non seulement elle ne le trouve probablement pas beau mais qu'en plus elle sait qu'il y aura plein d'hypocrites comme elle qui poseront la question à sa fille et qui en plus lui diront "mais tu n'as pourtant pas l'air asiatique...".
Néanmoins, ce n'est pas parce que les origines réelles ou supposées de mes élèves, amis ou collègues de travail ne m'intéressent pas que ça n'est pas intéressant à l'échelle nationale. Il n'y a guère que les blancs hétérosexuels et valides qui ne se rendent pas compte qu'une différence forge une identité. Identité qui façonne votre vie, et qui d'ailleurs additionnées les une aux autres créent la richesse de notre monde, et singulièrement de la France et toutes les terres d'immigration comme les Etats-Unis et bien d'autres pays. Nier les différences, nier les identités, ce n'est pas avancer. Pour vivre dans une société juste et équitable, il me semble qu'il faut connaître les différences et ce sur quoi elles sont fondées.
Au nom de la connaissance et du savoir, au nom de la liberté, et au
risque de m'attirer des inimitiés, et contre même l'association à laquelle j'appartiens, je soutiendrai donc l'autorisation
des statistiques ethniques, si elles sont validées préalablement par la CNIL.
Mais, les circonstances et la rédaction de l'amendement
concerné sont douteuses. Le débat qui a lieu un peu partout (et même
sur ce blog puisque j'y ai pris part) n'a rien à voir avec celui-là. Je
vous renvoie à l'article de Laetitia Van Eeckhout.
Post-scriptum : le front
national n'a jamais été présent au deuxième tour des élections
présidentielles Américaines.... Je crois que nous n'avons aucune leçon
à donner en matière de racisme et de communautarisme.