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ataraxosphere
7 février 2008

Les pauvres n'intéressent pas le MoDem.

C'est évidemment faux, et je vais en donner quelques éléments d'explication. Nos concitoyens peuvent toutefois se poser la question, au vu d'un certain nombre de faits désagréables, voire révoltants.

Passons sur les (nombreux) points en internes, qui sont hors sujet le temps de ces élections municipales.

Le nouveau tract que l'on me demande de défendre pour cette campagne parisienne, parmi ses nombreux défauts sur lesquels je ne m'attarderai pas, comporte sous son titre "Pour une ville plus humaine" la mention "Notre projet pour les classes moyennes à Paris". En plus d'être un contre-sens (comment peut-on oser se prétendre humain en ne se préoccupant pas des plus démunis ?), cet en-tête est presque insultant pour nos concitoyens les plus modestes : on leur envoie en pleine face un "votre sort nous indiffère" cinglant – alors que nombreux parmi eux ont cru et croient encore au message d'espoir de François Bayrou et des dizaines de milliers de citoyens qui l'ont rejoint dans cette grande aventure qu'est le Mouvement Démocrate (une autre façon de faire de la politique, saine, dépassant les absurdes clivages idéologiques et soucieuse de l'intérêt général, ne laisser personne sur le bord du chemin). Cette bourde est non seulement suicidaire du point de vue électoral, mais aussi scandaleuse du point de vue moral et j'exhorte l'équipe qui conçoit ces tracts à ne pas reproduire pareille maladresse.

Bon, c'est vrai, la volonté affichée de s'adresser aux classes moyennes n'est pas totalement injustifiée. Ces catégories sont globalement les moins considérées dans le discours politique, alors même que ce sont elles qui contribuent le plus à l'effort national et au fonctionnement de la société. La droite ne leur propose guère que des baisses d'impôts (souvent trompeuses d'ailleurs), son attention se focalisant sur les plus aisés (réduction considérable de leur contribution à l'effort national, dépénalisation des délits financiers, etc) et son discours populiste s'adressant aux plus défavorisés (stigmatisation de boucs-émissaires, encouragement au repli sur soi en flattant les instincts égoïstes et communautaires, relents xénophobes, etc – il faut bien faire du nombre...). La gauche aussi concentre son message sur les plus démunis (même si son discours est souvent en décalage avec ses actes lorsqu'elle est au pouvoir...) et ne voit dans les classes moyennes qu'une vache à lait pour les différentes taxes qui constituent son principal (sinon unique) instrument politique (attention je suis un fervent partisan de l'impôt comme contribution individuelle à la collectivité et expression de la solidarité nationale, mais sous d'autres formes que celles qui existent actuellement ; mais ce n'est pas le sujet ici).

Le Mouvement Démocrate propose donc une autre approche, intelligente et responsable, avec notamment de vraies propositions pour les classes moyennes. Par exemple sur le logement : à Paris, entre le parc social (moins de 9€/m2) et le parc locatif privé (plus de 22€/m2), il y a un gouffre que de nombreux foyers ne peuvent franchir (alors même qu'ils auraient les moyens de vivre en dehors du parc social). Résultat : soit ces ménages restent dans leurs logements sociaux dans de mauvaises conditions (surface insuffisante par exemple), soit ils sont contraints de s'exiler dans les communes avoisinantes, de plus en plus loin en périphérie (puisque les loyers augmentent considérablement et de plus en plus rapidement). Le Mouvement Démocrate a donc inscrit dans ses objectifs prioritaires le développement du logement intermédiaire (loyers à mi-chemin entre le parc social et le parc privé "classique", restant abordables pour la plupart des familles) ; n'étant pas spécialiste de ces questions, je vous renvoie au programme pour les mesures techniques permettant d'atteindre cet objectif.

Ce discours ne doit cependant pas masquer le souci des plus faibles : l'approche du Mouvement Démocrate, c'est aussi apporter des réponses à chacun (et surtout AVEC chacun). Aucun de nos concitoyens ne doit être exclu du discours et tous doivent "y trouver leur compte". Donc, contrairement à ce que pourrait laisser penser ce titre de tract, le MoDem a aussi des choses à proposer aux plus modestes. Il faut ici insister sur un point important de la démarche du Mouvement Démocrate : elle vise la responsabilisation et l'accès à l'autonomie pour les citoyens en général, et pour les plus défavorisés en particulier. Ceci nous distingue clairement de la gauche : si nous nous rejoignons sur les objectifs d'humanisme et de solidarité (face à une droite égoïste décomplexée, qu'elle soit conservatrice ou "libérale"), nous divergeons sur les réponses à apporter et les moyens à mettre en oeuvre pour les atteindre. Ainsi, alors que la gauche installe et enferme les plus défavorisés dans l'assistanat sans perspective d'issue (cela tourne parfois au cauchemar, cf. le système clientéliste des communistes décrit récemment dans Marianne), sans parler de la déresponsabilisation qu'induisent les "aides" et les exonérations de toutes sortes, le Mouvement Démocrate a lui pour objectif de donner à chacun les moyens de s'en sortir puis de progresser, à la juste mesure de ses efforts, quel que soit son point de départ. Je n'ai pas encore eu le temps de lire le programme en détail et je vous y renvoie donc pour les mesures à destination des plus modestes.

D'une part, il faut que les gens (et particulièrement une certaine frange du MoDem) redescendent sur Terre et reprennent contact avec les réalités :

- pour certaines personnes, un billet de 20€ ça n'existe même pas tellement c'est insignifiant ;

- pour certaines personnes, il n'a pas plus d'existence qu'une pièce rouge coincée au fin fond d'une poche ;

- pour d'autres, il s'agit bien d'argent, mais guère important, il n'y a pas lieu de s'en préoccuper ;

- pour d'autres, une telle somme mérite considération mais n'est pas un souci ;

- pour d'autres, cette dépense est effectuée sans problème mais s'inscrit dans le budget ;

- pour d'autres, cette dépense peut être effectuée moyennant quelques ajustements ou choix sur d'autres postes de dépenses ;

- pour d'autres, cette dépense constitue un poste non négligeable mais restant "dans les clous" ;

- pour d'autres, cette dépense n'est envisageable que par prélèvement dans les petites économies ;

- pour d'autres, cette dépense reste envisageable en cas de coup dur en prélevant dans la maigre réserve dédiée ;

- pour d'autres, cette dépense ne peut être réalisée que moyennant des sacrifices sur d'autres postes vitaux (par exemple par diminution de la qualité et/ou de la quantité des repas) ;

- pour d'autres enfin cette dépense n'est même pas possible.

Il faut bien prendre conscience que les dernières catégories de cette liste à la Prévert sont loin d'être anecdotiques (et particulièrement répandues chez les jeunes adultes). Plus globalement, je rappelle que la moitié des gens gagnent moins de 1500€ par mois et un quart moins de 1200€ par mois – et encore, ces chiffres sont biaisés : si l'on ôte les impôts pour ne conserver que la somme nette disponible au budget, il y a un écrasement du deuxième quartile et près de la moitié des gens gagnent moins de 1300€ par mois... Sans parler des difficultés pour se loger (exacerbées en région parisienne), beaucoup de gens n'ont pas encore les moyens d'avoir un ordinateur et une connexion à internet, il ne faudra pas l'oublier...

D'autre part, il faut que nos concitoyens de condition modeste gardent espoir et confiance : à la différence de l'UDF, le MoDem n'est pas un parti de droite, et bien qu'il ne soit pas un parti de gauche non plus (il va falloir apprendre à envisager les choses autrement que de manière binaire, bien trop réductrice...), nous sommes nombreux en son sein à nous investir pour corriger d'éventuelles dérives les oubliant à leur sort (il n'y en a pas vraiment eu besoin pour l'instant, c'est déjà un bon signe) et pour construire de vraies propositions pour eux aussi, et, surtout, AVEC eux, car le but de notre engagement politique n'est pas de leur tenir la main indéfiniment, mais bien de les accompagner vers la véritable liberté qui est celle du choix.

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Commentaires
F
Merci Marie-Laure. <br /> Nous verrons les éventuels autres commentaires à cet article s'il reste assez longtemps dans la WBM...
M
Tahar, je ne suis pas d'accord avec toi - même si je peux lire le second degré de ton post. Il me semble que justement, c'est bien là aussi où nous pouvons faire la différence et le rappeler n'est jamais inutile. Et de plus, il me semble que tu te trompes de cible : Florent ne fait pas partie de ceux qui calculent de manière politicienne et envisagent le monde en fonction de "ceux qui rapportent".
H
Pourquoi perds tu ton temps à te convaincre que les pauvres, ça compte.<br /> Personne ne s'intéresse aux pauvres quelques soient les partis pour te rassurer.<br /> Ils sont une charge pour tout le monde, ils ne rapportent rien ni aux partis, ni aux syndicats, pas assez de sous pour cotiser.<br /> On s'intéresse un peu à eux pendant les élections pour se donner bonne conscience.<br /> Tu sais , même MArie Antoinette s'intéressait aux pauvres, elle leur servait la soupe comme quoi avec les restos du coeur, Colluche n'a rien inventé. <br /> Alors, ne culpabilisons pas les candidats, ils veulent être élus et rejoindre la catégorie des notables. Laisse les pauvres tranquilles, ils n'attendent plus rien de ceux qui ne sont jamais heureux même quand ils gagnent 10000 euros par mois.<br /> Tahar, coeur de Lyon
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