Grenelle de l'Environnement : fin de la première phase (III)
Un message assez court ce soir, et
pour cause : il concerne les points positifs issus de cette première phase...
L'absence de certains pourra vous sembler surprenante, mais je les ai
volontairement réservés à l'article suivant sur les points négatifs,
j'expliquerai alors pourquoi.
Au premier abord, il semble qu'en
effet peu de sujets aient reçu le traitement qu'ils méritaient et que la
plupart des propositions qui ont fait consensus ne sont pas suffisamment fortes
et relèvent plutôt de la "mesurette" que du bouleversement requis...
Les propositions sont souvent de simples déclarations d'intention dépourvus
d'objectifs chiffrés (ou pas assez ambitieux), de moyens, de calendrier, de contraintes...
les ramenant au statut de voeux pieux dont on peut douter de la réalisation.
Mais les choses sont toutefois
loin d'être si tranchées, pour plusieurs raisons (liste non exhaustive) :
- toute avancée est bonne à prendre, et cela ne signifie pas
que tout va s'arrêter après ce Grenelle, la mobilisation et l'action pourront se poursuivre
ensuite
- la deuxième phase vient seulement de commencer, et bien
qu'elle soit courte, elle doit permettre de s'exprimer et d'infléchir les
positions
- il ne s'agit pas encore de mesures,
mais d'une base de travail pour les échanges qui commencent (avec mention des
accords et des désaccords entre les acteurs), il n'est donc pas si surprenant
que les propositions ne soient pas à la hauteur, même si on peut le
regretter...
Ainsi, on peut notamment porter au
crédit de cette première phase du Grenelle de l'Environnement :
- la rencontre et l'échange de
nombreux acteurs de la société (dont les associations écologistes), qui ont
enfin pu communiquer tous autour d'une même table (même si tout n'a pas été
parfait, loin s'en faut), c'est déjà un grand pas (tout de même, ce genre
d'événements aurait dû avoir lieu dans la décennie 1990 après la Conférence de
Rio de 1992...)
- une proposition de
reconnaissance des partenaires environnementaux pour les négociations futures,
au même titre que les syndicats par exemple, avec entre autres une refonte du
Conseil Economique et Social (même s'il y a encore des oppositions à
l'émergence de ces nouveaux acteurs)
- des objectifs en matière
d'énergie, en particulier dans le domaine du bâtiment (rénovation et adaptation
de l'existant ; rupture technologique pour les nouvelles constructions, qui
devront devenir neutres puis à terme atteindre l'autosuffisance et même un
bilan positif) ainsi que la généralisation de l'étiquetage énergétique des
produits de grande consommation (par exemple téléviseurs & ordinateurs en
plus des réfrigérateurs & lave-linge)
- une responsabilité des
producteurs pour réduire à la source la quantité de déchets (mais il y a eu de
vives oppositions à ce sujet)
- développement du fret non
routier (avec cependant un manque d'ambition)
- réalisation d'une "trame verte" nationale permettant une certaine continuité entre les écosystèmes (réseau écologique), indispensable pour la survie de nombreuses espèces (mais les modalités semblent rester encore floues)
- adoption de nouveaux indicateurs prenant en compte l'environnement (PIB Vert, etc)
- un projet de loi sur les OGM
(certaines parties faisant consensus et d'autres donnant lieu à des affrontements
violents)
J'en profite pour évacuer ici la
question des OGM : ce sujet vaste et complexe (qui, soit dit en passant, est un
de mes dadas) fera l'objet d'autres articles sur ce blog, peut-être avant la
fin du Grenelle et sinon dans les mois qui suivront.
Dans l'immédiat, étant donné qu'il
est impossible de garantir l'absence de contamination entre filières OGM et non
OGM (classiques, biologiques, etc), il s'agit simplement d'interdire toute
culture hors confinement. Il n'y a même pas besoin de faire appel à des
considérations de sécurité (sanitaire ou environnementale), éthiques ou socio-économiques.
On peut également signaler un
accord sur des mesures secondaires telles qu'un soutien à l'agriculture
biologique en particulier par la pénétration dans la restauration collective
(dont les cantines scolaires), ou encore la réduction des émissions de la
circulation automobile par un système de bonus/malus selon la consommation des
véhicules et la réduction de 10 km/h de la vitesse autorisée. J'expliquerai
pourquoi je place ces deux groupes de mesures à mi-chemin entre les points
positifs et négatifs.