Sarkozy a gagné
Car c'est bien de lui dont
il s'agit, ses ministres n'étant que des pantins révocables au premier écart ou
caprice, on en fait l'amère expérience en Ile de France pour les élections
européennes...
Je ne sais pas si on peut
dire qu'il a vraiment gagné et ce sur tous les fronts, mais je vais parler d'un
domaine que je connais mieux que d'autres, celui du monde universitaire et de
la recherche.
Mais tout d'abord un bref aparté
plus général : c'est toute la démocratie qui est en train d'être sapée, à tous
les niveaux - qu'il s'agisse par exemple des modalités électorales (redécoupage
de la carte électorale, modifications des règles des scrutins, vote
électronique, etc) ou de l'information avec notamment la manipulation des
chiffres officiels (voir ici, là et là), pourtant indispensables au débat
public et, par là, constituent une condition majeure de la démocratie.
Revenons au sujet qui a
motivé cet article : la mobilisation des personnels de la recherche et de
l'enseignement supérieur depuis plusieurs mois contre les réformes
gouvernementales, amplifiée à partir de l'insultant discours présidentiel du 22
janvier qui a mis le feu aux poudres (en sus de divers textes qui l'ont motivée
sur le fond). J'ai essayé de tenir une revue de liens sélectionnés, jusqu'à fin
mars, puis je me suis laissé submerger par la quantité effarante de documents
en circulation, qu'il s'agisse des textes officiels (prétendument réécrits) ou
des diverses analyses et réactions qu'ils suscitaient. Ajoutez à cela un
écoeurement devant la mauvaise foi, l'autisme et les mensonges du gouvernement
et des médias (pour Le Figaro on s'en doutait, pour Le Monde ce fut plus
désagréable, même si ce dernier titre a essayé de se rattraper un peu avec un
dossier fin avril - à lire notamment cet entretien avec Marcel Gauchet), et la
lassitude a pris le dessus. Devant tant de mépris, on ne peut que se détourner et vaquer à d'autres occupations.
Ils ont joué le
pourrissement de la situation, sur ce point ils ont gagné. Les gens se sont
progressivement démobilisés, par fatigue, sentiment d'impuissance, souci du
devenir des étudiants avec l'avancée du semestre... abandonnant les actions aux
éléments les plus radicaux, avec toutes les dérives dont les gauchistes
sont coutumiers... et l'équivalent tout aussi borné en face il faut bien le
dire (les violences policières furent loin d'être anecdotiques).
Alors, bien sûr, le soufflé
n'est pas retombé, il reste des gens sérieux dans l'affaire (d'ailleurs
certains reviennent, en participant de manière intermittente pour conjuguer
leurs différentes activités) car les problèmes restent bien réels et graves -
mais beaucoup ont perdu le dynamisme des premières semaines, la stratégie de
l'usure a porté ses fruits et la prise en otage (au sens figuré, mais les
responsabilités sont bien là) des étudiants par la ministre lui a facilité la tâche. Plusieurs des textes incriminés ont d'ailleurs été adoptés récemment (pas toujours de
manière très honnête - mais qui s'en étonne encore). Pourtant, les contre-propositions
existent et seront encore améliorées, la contestation est fondée mais ne trouve
aucun écho de la part du pouvoir.
Je n'ai pas la motivation
pour refaire un historique des principaux événements des six dernières semaines,
vous trouverez de nombreuses informations sur les sites de Sylvestre Huet, SLR
et SLU. Je signale une intéressante conférence sur le processus de Bologne et la
loi LRU, qui quoi qu'on puisse en penser, donne à réfléchir...
Du processus de Bologne à la L.R.U, une catastrophe annoncée
envoyé par mirailenlutte