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ataraxosphere
13 janvier 2009

Jean-Marc Jancovici tous les jours à la télé !!!

... C’est ce qu’il faudrait pour faire bouger un peu les choses, tant chez les décideurs que chez l’ensemble de la population. Car à ma connaissance, son site ne comporte pas de vidéos (*), ce qui est bien dommage étant donné que ses prestations valent le détour et sont tellement plus percutantes que des textes, si pédagogiques soient-ils...

Avec une énergie (!) incroyable, un humour désopilant, une rigueur remarquable, un langage disons... parfois fleuri, il parvient en quelques dizaines de minutes et sans que vous voyiez le temps passer, à vous brosser un tableau réaliste et quasi-complet de la situation énergétique et des défis associés que l’humanité doit relever en ce début de siècle, à vous faire prendre conscience de l’importance et de l’urgence des enjeux, à vous faire réfléchir toute la nuit sans dormir, aussi...

Je reviens d’une conférence-débat qu’il animait (au propre comme au figuré!) ce soir à la BNF (laquelle, ai-je cru comprendre, est en train d’essayer de compenser sa nature ubuesque et les divers désagréments qu’elle offre, en mettant en place des actions axées sur le développement durable), le moins qu’on puisse dire c’est que ça décoiffe ! Voilà un orateur de talent, comme il en faudrait tant pour cette cause... Au placard Al Gore et son salmigondis galimatiesque bien propre sur lui ! Bon, il vaut toujours quand même mieux ça que rien... mais je m’égare.

Je me suis régalé avec cette conférence, il m’a remis les idées en place, dissipé quelques doutes et appris quelques bricoles - dommage qu’il ait un peu esquivé quelques trucs... Je suis rassuré, la plupart de ses propos vont dans le sens du système économique que je construis depuis deux ans grâce à notre talentueux Hérétique ; mais certaines de ses réflexions (comme sur la tertiarisation, à jeter aux oubliettes selon lui) me chiffonnent quelque peu, je vais creuser ça...

Quelques idées en vrac pendant que c’est encore frais :

- pas de défaitisme, on peut encore agir (les diverses échéances présentées n’arrivent “que” dans quelques années), mais il faut s’y mettre tout de suite car le virage prendra du temps, sans parler de l’inertie considérable du système climatique terrestre (entre autres et malgré une certaine irréversibilité) et même des sociétés humaines (urbanisme, mise aux normes, reconversion professionnelle, etc) ;

- l’absolue priorité des priorités réside dans les économies d’énergie (supprimer les gaspillages), l’efficience énergétique (limiter les pertes, améliorer le rendement et l'efficacité) et la sobriété énergétique (limiter les (sur)consommations), principal levier d’action dont l’humanité dispose, qui a le double avantage de limiter les impacts (comme la pollution) et de préparer le fonctionnement dans un monde aux ressources limitées (problématique rendue encore plus prégnante par la démographie) ;

- l’énergie propre, ça n’existe pas (même si on peut limiter les impacts dans un certain nombre de cas, d’ailleurs d’une certaine manière “c’est la dose qui fait le poison”) ;

- le nucléaire : ce n’est pas une énergie d’avenir (du moins la fission) mais au mieux de transition, ça ne résoudra pas les problèmes, mais s’en priver totalement compliquerait et aggraverait les choses, et tout bien pesé vu les divers risques en présence, peut-être vaut-il mieux “risquer qu’une ou deux centrales pètent quelque part plutôt que risquer le déchaînement généralisé de violences sociales, environnementales, militaires et autres qui nous attendent à court terme si la question énergétique n’est pas réglée” ;

- l’éolien, le solaire et les autres énergies renouvelables : queues de cerise dans le diagramme global elles sont, queues de cerise elles resteront... du moins encore un certain temps, bien trop long pour compter dessus à court et moyen terme ; même si elles restent effectivement l’option de choix à long terme (il faut donc les développer, moyennant quelques ajustements pour les rendre vraiment durables...) ;

- il est impératif de rendre son prix à l’énergie, bien des désagréments que nous subissons et allons subir (aux niveaux environnemental, économique et social) sont dus à son prix bas sans rapport avec sa valeur réelle ;

- métaphore qui interpelle : aujourd’hui en France nous vivons chacun(e) comme un(e) noble d’autrefois qui aurait à son service une bonne centaine de domestiques (au minimum) ; les calculs montrant que si on agit vite on ne devra diviser notre consommation que par 4, ce qui nous laisse encore plus de deux douzaines de ces “esclaves énergétiques”, compatibles avec un certain confort qui ne justifie pas les réticences et idées fausses de ceux qui renâclent à la tâche (sans comprendre que c’est inéluctable et dans leur propre intérêt) ;

- ceux qui freinent les avancées (pourtant cruciales et urgentes) dans le domaine de l’énergie ne sont pas toujours ceux que l’on croit : ainsi, de grands groupes industriels ont parfois un comportement vertueux (même s’il faut toujours se méfier du green washing), alors que les PME sont souvent à la traîne (paraît-il à cause d’une moindre vision à long terme et grande échelle, ainsi que d’une plus grande proximité avec le consommateur - ce schizophrène qui se dit concerné et actif mais achète avidement tous les derniers gadgets à la mode au mépris de toute logique rationnelle, qui accepte une quasi-soumission à sa hiérarchie dans la sphère professionnelle mais refuse toute règle et limite dans la sphère privée) ;

- la comptabilisation des entreprises et des administrations publiques doit intégrer les “externalités”, le PIB doit se rationaliser en tenant compte des impacts négatifs des activités humaines, bref des indicateurs pertinents doivent être appliqués au plus vite (je vous laisse surfer chez Corinne Lepage pour plus d’informations à ce sujet, elle en a beaucoup parlé ces derniers mois) ; 

- l’éco-fiscalité s’impose (en particulier la taxe carbone), mais pas forcément en augmentant les prélèvements totaux (Corinne Lepage a souvent développé cet aspect-là aussi) ;

- les citoyen(ne)s doivent se bouger, en votant, en consommant, en s’exprimant, en militant (c’est étrange, il compte sur les membres de partis politiques pour faire remonter des propositions aux candidats, il ignorerait donc que dans les hautes sphères on ne fait aucun cas de cette chair à canon tout juste bonne à payer des cotisations ?), etc ;

- etc...

(*) rectification : en fouinant un peu, j’ai trouvé ces quelques liens, que je suis impatient de visionner au cours des prochaines semaines :)

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Commentaires
P
il y a bien des vidéos de conférences (SPIE en autre) sur son site.
F
Merci pour votre réaction. Il n'y a effectivement pas à proprement parler d'énergie de substitution à une consommation de type occidental actuelle mais généralisée au monde entier, du moins à court et moyen terme. Or, les ressources fossiles s'épuisant inévitablement, on ne peut jouer que sur le paramètre de la consommation (sur des paramètres techniques aussi bien sûr, mais devant les quantités en jeu, c'est "secondaire", je pourrais faire un billet sur l'équation développée par JMJ ce soir-là). Quant au long terme... ne nous avançons pas ^^
E
c'est intéressant comme article.<br /> <br /> comme les articles du même type on ne voit pas arriver a cour et long terme une énergie de substitution à l'énergie fossile.<br /> <br /> la solution est dans une approche comportementale, mais cela risque d'être difficile de le faire comprendre car le "le consommateur - ce schizophrène qui se dit concerné et actif mais achète avidement tous les derniers gadgets à la mode au mépris de toute logique rationnelle, qui accepte une quasi-soumission à sa hiérarchie dans la sphère professionnelle mais refuse toute règle et limite dans la sphère privée) " est s'est trop habitué à la logique de "l'obsolescence" de même que les industriels
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