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ataraxosphere
27 juin 2008

Un Institut du Vivant unique ? Au sein du CNRS ou pas ?

Voici un autre appel, cette fois-ci pour la création d'un Institut des Sciences du Vivant unique au lieu des multiples (et complexes, redondantes et concurrentes) structures actuellement existantes. Une des questions qui se pose est de savoir si un tel Institut devrait rester au sein du CNRS ou pas.

C'est une réflexion que je m'étais faite il y a déjà quelques années lorsque j'ai découvert l'ubuesque système de recherche français ; mais c'est à double tranchant, avec des avantages et des inconvénients - la réponse est donc tout sauf simple...

"           Pour un Institut National des Sciences du Vivant

Des réflexions sont en cours sur les changements à apporter à notre système de recherche en Biologie, qui est éclaté et inadapté.  Si l’on veut que la recherche biologique Française tienne son rang dans le monde, ces propositions méritent mieux que la défense du statu quo.


Alors que la plupart des pays développés et même émergents investissent des sommes considérables dans la biologie depuis plus de 10 ans, nous constatons depuis plusieurs années que le système français peine à investir massivement dans la recherche biologique.


           Or trois raisons militent pour l’investissement dans la Biologie :

- Sur le plan des connaissances fondamentales c’est un domaine qui connaît des évolutions rapides.

- La compréhension des mécanismes de la biologie est essentielle au progrès sociétal ainsi qu’au développement d’applications aux soins des malades.

- La valorisation des connaissances en biologie a un potentiel économique considérable.


Contrairement à ce qui est souvent dit, la biologie en France reste encore de haut niveau. Ses chercheurs ont acquis une excellente réputation et les jeunes thésards français sont très prisés à l’étranger. Si on compare nos conditions de travail et salariales avec celles de nos concurrents, nous avons même une production exceptionnelle. L’avenir, par contre, est de moins en moins assuré et pour éviter de « décrocher » il faut mettre en place les conditions qui nous permettront de continuer à occuper une place de premier plan au niveau international. Bref, il nous faut adapter notre système en conservant ce qui est bon et en faisant évoluer ce qui l’est moins. Un des handicaps majeurs de la recherche en biologie est la complexité du système, en particulier la multiplication des structures, qui conduit les chercheurs de bon niveau consacrer un temps déraisonnable à la recherche de financements morcelés et à exercer des taches administratives lourdes dans un secteur où la réactivité est essentielle.


La recherche en biologie est répartie principalement entre quatre organismes qui peuvent travailler en co-tutelle avec les universités et les grandes écoles. Il s’agit du CNRS dont la vocation initiale est la recherche fondamentale, de l’INSERM dont la priorité était la recherche médicale, de l’INRA tournée vers les sciences agronomiques et du CEA dont la mission en Biologie était assez clairement la mise en place de grands outils utiles à la biologie, en particulier dans le domaine de l’imagerie et de la radiobiologie. Cependant, si cette structuration semble intéressante sur le papier, la pratique démontre l’existence d’un continuum et la réalité d’interactions réciproques entre la recherche fondamentale, ses différents domaines d’application, et la recherche dite de transfert. Nous savons tous que d’excellents chercheurs INSERM font de la recherche fondamentale alors que nombre de chercheurs CNRS font de l’excellente recherche de transfert. Les laboratoires CNRS sont parfois dirigés par des chercheurs INSERM et inversement. Les personnels CNRS et INSERM co-habitent, d’ailleurs très bien, au sein des Unités. Pourquoi cette bonne coopération à la base ne serait-elle pas promue au sommet ?


Le bon sens impose de regrouper les sciences de la vie dans une structure commune. Nous proposons donc la création d’un Institut du Vivant qui regrouperait l’ensemble des acteurs de la recherche en biologie et santé, avec un socle commun de recherche fondamentale. Dans un premier temps, on pourrait se contenter d’une structure rassemblant la biologie du CNRS et l’INSERM, qui, sur le plan des statuts des personnels et des modes de fonctionnement, sont très proches. Il ne faut, cependant, certainement pas s’arrêter à ces deux EPST, mais bien couvrir à terme toute la biologie.

Il faut que la solution administrative soit simple et évite à tout prix qu’un des EPST soit perçu comme faisant une OPA sur l’autre. Des discussions directes entre eux doivent s’ouvrir pour trouver une solution rapide. Certains collègues du CNRS proposent un institut du vivant propre au CNRS. Certains de leurs arguments sont très pertinents et devront être pris en compte. Par exemple, il ne faut pas perdre les forces de la multidisciplinarité. Mais à vrai dire, la recherche à l’interface ne dépend pas forcément d’une appartenance administrative commune et la plupart des biologistes du CNRS n’ont même jamais croisé de physicien ou mathématicien du CNRS. Les bonnes équipes de recherche en biologie, qu’elles soient CNRS, INSERM, CEA ou INRA, continueront à collaborer sans difficulté avec des équipes de mathématiciens, physiciens ou chimistes, que ces dernières soient universitaires, CNRS ou autre. Il faudra veiller à ce que la politique de cet Institut du Vivant permette ce type de collaboration, partout où cela sera ressenti comme nécessaire.


Un autre argument important contre un Institut commun du Vivant concerne la désaffection que sa création pourrait entraîner pour la recherche fondamentale. Il faut de ce point de vue affirmer avec force que l’Institut du Vivant devra couvrir l’ensemble des domaines de la biologie et non pas seulement ceux de la santé, car pour être compétitif en recherche appliquée, il faut être exceptionnel en recherche fondamentale. L’important en la matière est de bien définir les contours de cet Institut du Vivant et lui assurer une représentation équilibrée de la recherche fondamentale et de la recherche clinique dans ses instances dirigeantes. La vigilance sur ce point est essentielle.


Avec la prise en compte des éléments précédents, un Institut du Vivant sera un atout fort quant à la représentation de la biologie au niveau politique de la recherche. Est-il normal que le ministère ait fixé au CNRS de flécher comme priorité la biologie, et que cela se soit traduit par une diminution importante des budgets de certaines des meilleures unités CNRS de biologie ?


En termes d’efficacité, les équipes/unités CNRS ont aussi tout à gagner à un rassemblement. A titre d’exemple, est-il efficace qu’un crédit de l’INCA (Institut National du Cancer) ou de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche), accordé à un laboratoire du CNRS mette presque un an avant d’être mis à disposition du laboratoire parce qu’une convention doit être signée entre l’INSERM et le CNRS ? En terme de valorisation de la science française, est-il sain que des instances indépendantes aujourd’hui les unes des autres (FIST associé au CNRS versus INSERM transfert) travaillent souvent non pas pour le bien de la valorisation française, mais souvent dans le but de surpasser la valorisation du collègue ? La fusion de ces instances en biologie permettrait une synergie qui autoriserait une plus grande réactivité et surtout permettrait de répondre efficacement à des opérations de valorisation de plus en plus complexes.


C’est pourquoi, bien qu’étant profondément attachés aux valeurs du CNRS, nous souhaitons qu’un Institut du Vivant préservant les intérêts des partenaires initiaux se mette en place. Plutôt que de nous opposer, unissons nos forces et recherchons les modalités administratives qui permettraient cette union. L’avenir de notre recherche biologique s’en trouvera certainement éclairci."


(liste des premiers signataires ici)

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