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ataraxosphere
10 juin 2008

Parlons un peu des OGM (2/5) : Quelques aspects éthiques et philosophiques

(Rappel : partie 1).

Je ne m'engagerai pas cette fois dans des discussions longues et ardues (mais ô combien passionnantes). Je me contenterai d'ébaucher brièvement quelques pistes que nous pourrons discuter. Les questions de brevetabilité du vivant auraient leur place ici mais je ne les aborderai qu'au niveau de leurs conséquences socio-économiques pour ne pas compliquer les choses (j'y reviendrai dans une prochaine série d'articles sur la propriété intellectuelle intégrant un billet sur les brevets car sur ce sujet aussi il y a beaucoup de clichés infondés et une profonde méconnaissance des choses).

Les techniques de production des OGM ne diffèrent pas fondamentalement des autres pratiques agricoles de transformation du vivant et ne sont ni meilleures ni pires (dans aucun des cas je n'emploierai les termes de "bonnes" ou "mauvaises"... à dessein). Aucune n'est plus "naturelle" ou "artificielle" que les autres. Toutes ces pratiques ont des avantages et des inconvénients les unes par rapport aux autres et on ne peut objectivement les classer. L'antériorité d'une technique sur une autre (fût-ce au niveau de siècles de pratiques) ne lui donne aucune supériorité ni respectabilité particulière, la "tradition" (dont la relativisation est d'ailleurs souvent édifiante...) n'est en rien un argument.

L'aspect le plus gênant dans les techniques de production des OGM est en fait leur approche mécaniste et réductionniste du vivant (dont on connaît les limites et même l'inadéquation, ce qui n'empêche pas de lui reconnaître une valeur heuristique), d'autant plus qu'elle est au service d'une conception utilitariste de la vie. Les êtres vivants sont ainsi envisagés comme un Meccano, au service des Humains, que ce soit avec des intentions louables (lutter contre la faim dans le monde par la production de plantes résistantes à la sécheresse – on attend encore) ou moins sérieuses (créer des "oeuvres d'art vivantes" comme des lapins fluorescents – ça c'est déjà fait). On pourrait attendre un peu plus de considération et de respect vis-à-vis des êtres qui peuplent la planète et vivent à nos côtés (même si cette approche déplorable est vieille comme l'humanité, et n'est d'ailleurs pas surprenante au regard de ce qu'elle fait subir à ses propres semblables). Si l'on envisage les choses à long terme, on peut par exemple se demander quel sera le statut des êtres chimériques créés, qui comporteront non pas un seul gène étranger, mais toute une collection d'éléments génomiques d'origines diverses destinés à remplir des fonctions d'utilité... Cela ne ressemble-t-il pas à un objet vivant ?

Tout ceci est bien loin d'une conception raisonnable du développement des sociétés humaines, à savoir vivre en bonne intelligence avec son environnement, et notamment avec sa composante biologique.

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Commentaires
F
Malheureusement, pour l'instant cette réflexion est, au mieux bâclée, au pire inexistante... <br /> Par ailleurs il serait bon de ne pas attendre d'être "forcé" (par des dégâts irréversibles par exemple)...
V
Cela fais des siècles que l'homme façonne la terre à son idée. PEut être n'est ce pas une bonne chose mais la technique va nous forcer à murir et à réflechir plus longement à nos droits sur le vivant.
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