Parlons un peu des OGM (2/5) : Quelques aspects éthiques et philosophiques
(Rappel
: partie 1).
Les
techniques de production des OGM ne diffèrent pas fondamentalement des autres
pratiques agricoles de transformation du vivant et ne sont ni meilleures ni
pires (dans aucun des cas je n'emploierai les termes de "bonnes"
ou "mauvaises"... à dessein). Aucune n'est plus
"naturelle" ou "artificielle" que les autres. Toutes ces
pratiques ont des avantages et des inconvénients les unes par rapport aux
autres et on ne peut objectivement les classer. L'antériorité d'une technique
sur une autre (fût-ce au niveau de siècles de pratiques) ne lui donne aucune
supériorité ni respectabilité particulière, la "tradition" (dont la
relativisation est d'ailleurs souvent édifiante...) n'est en rien un argument.
L'aspect
le plus gênant dans les techniques de production des OGM est en fait leur approche
mécaniste et réductionniste du vivant (dont on connaît les limites et même
l'inadéquation, ce qui n'empêche pas de lui reconnaître une valeur
heuristique), d'autant plus qu'elle est au service d'une conception
utilitariste de la vie. Les êtres vivants sont ainsi envisagés comme un
Meccano, au service des Humains, que ce soit avec des intentions louables
(lutter contre la faim dans le monde par la production de plantes résistantes à
la sécheresse – on attend encore) ou moins sérieuses (créer des "oeuvres
d'art vivantes" comme des lapins fluorescents – ça c'est déjà fait). On
pourrait attendre un peu plus de considération et de respect vis-à-vis
des êtres qui peuplent la planète et vivent à nos côtés (même si cette approche
déplorable est vieille comme l'humanité, et n'est d'ailleurs pas surprenante au
regard de ce qu'elle fait subir à ses propres semblables). Si l'on envisage les
choses à long terme, on peut par exemple se demander quel sera le statut des
êtres chimériques créés, qui comporteront non pas un seul gène étranger, mais
toute une collection d'éléments génomiques d'origines diverses destinés à
remplir des fonctions d'utilité... Cela ne ressemble-t-il pas à un objet vivant
?
Tout
ceci est bien loin d'une conception raisonnable du développement des sociétés
humaines, à savoir vivre en bonne intelligence avec son environnement, et
notamment avec sa composante biologique.