Un écueil de plus pour le MoDem ?
Certes, les questions qui agitent le microcosme orange actuellement relèvent surtout du fonctionnement interne, du fait de la nouveauté du parti, et des enjeux locaux, du fait de l'approche des élections municipales... Mais il faudra bien, à un moment ou à un autre, aborder les "grandes" questions, avoir de la perspective, une vision d'ensemble, se positionner et faire des choix.
Le modèle économique que prônera le MoDem est un de ces "grands" sujets. Et nul doute que les conflits (re)naîtront à ce moment-là et que certaines divergences se révèleront clairement, avec peut-être de graves conséquences. Car pour l'instant, il y a plus d'espoirs et de projets que de concret. Chacun voit midi à sa porte, aimerait que le programme du MoDem contienne ceci ou cela, qui corresponde à sa propre vision des choses. François Bayrou, malgré les orientations qu'il donne dans ses communications orales et écrites, reste globalement plutôt vague, et il est plus que probable que ce ne soit pas involontairement... Car il faut ménager la chèvre et le chou, entre les libéraux, les socio-démocrates, et les diverses tendances qui ont rejoint la formation. Malgré l'existence d'un socle défini par François Bayrou, le modèle reste donc à construire, et chacun devra faire des concessions, s'atteler au problème et se montrer objectif, ne pas s'arc-bouter sur ses positions mais ôter ses oeillères idéologiques pour écouter les opinions des autres et regarder les choses en face afin de trouver des solutions, de bonnes solutions, les meilleures solutions. C'est en tous cas l'attitude que j'attends de la part des membres du Mouvement Démocrate et que je m'efforcerai d'adopter (sur tous les sujets).
Une des thématiques qui permet d'entrer dans le vif du sujet est celle de la concurrence, qui sous-tend le modèle du libéralisme économique. Soyons clairs : non, il ne s'agit pas du Mal incarné, et, non, il ne s'agit pas de la Perfection dont on puisse se satisfaire en l'état. J'aurai l'occasion d'y revenir dans un article que je prépare depuis déjà plusieurs mois... mais mes différentes lectures ne m'ont pas encore permis d'effectuer une synthèse (au contraire, ça tire à hue et à dia !) et de plus j'attends que notre économiste orange, L'Hérétique, ait terminé sa série d'articles (notamment celle sur son mentor, Schumpeter). En attendant, je vous invite à écouter ce numéro de Rue des Entrepreneurs diffusé sur France Inter (trois quarts d'heure, à écouter jusqu'au bout !). Je n'adhère pas à tout ce qui s'y dit (loin s'en faut), mais ces réflexions me semblent intéressantes à prendre en compte. Je reproduis ici l'introduction disponible sur le site de l'émission.
La concurrence, les Français l’aiment quand ils la choisissent,
pas quand on la leur impose. Le Credoc, il y a quelques mois, constatait
que 80% des Français y étaient favorables, mais qu’ils n’y voyaient
presque aucun avantage économique. Tout juste permet-elle de faire
baisser les prix… Perception immédiate ! Parce que la concurrence est
liée à la mondialisation, aux produits importés, au chômage… Elle n’a
pas de frontières ou de domaine réservé. Bref, la concurrence a un
prix, elle ferait du bien au portefeuille ou aux idées et du mal à la
société !
La concurrence, par définition, oblige à se remettre
quotidiennement en cause, pour être meilleur que ceux qui font la même
chose. La compétition permanente qu’elle impose entraine innovation,
développement, mais aussi réorganisation. Le téléphone portable s’est
véritablement imposé en France dès qu’il y a eu trois opérateurs
concurrents. Et quand ils ont essayé de s’entendre sur le dos des
clients, ils se sont vu infliger une amende historique de 534 millions
d’euros.
Parce que la concurrence a ses gendarmes et ses juges dans tous les pays, preuve que malgré ses mérites, elle génère ses coups-bas.