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ataraxosphere
5 octobre 2007

Grenelle de l'Environnement : fin de la première phase (V)

Ce soir, juste une brève mise au point sur les agrocarburants (dénomination préférable à celle de biocarburants comme l'explique Corinne Lepage).

 

Le recours à des carburants issus de cultures agricoles dédiées (éthanol produit à partir du sucre, diester produit à partir des huiles végétales, etc) peut sembler intéressant dans la mesure où le CO2 produit par leur combustion contient du carbone qui est déjà dans le cycle donc "neutre" (à la différence des carburants issus de la matière organique fossile comme le pétrole, dont la combustion remet du carbone en circulation et accroît inévitablement l'effet de serre et les perturbations climatiques).

 

Cependant, la situation est loin d'être aussi idyllique.

 

Sur le bilan carbone & énergie : il en faut une certaine quantité pour produire ces agrocarburants, ce qui ampute le bilan et abaisse le rendement. Sachant qu'en plus les cultures en question ont actuellement massivement lieu sur des sols tropicaux issus de la déforestation (Indonésie, Brésil, République "Démocratique" du Congo, etc), le bilan est carrément négatif puisque la destruction des forêts a libéré le carbone contenu dans les arbres (généralement brûlés)... et je ne parle même pas de la perturbation du fonctionnement des sols. (Par contre je ne saurais dire si, au niveau de la fixation de CO2 par la photosynthèse, l'effet du remplacement des arbres par les plantes cultivées est négatif ou pas, il faudrait des chiffres sérieux car il y a beaucoup d'idées reçues sur ce sujet).

 

Sur la biodiversité : la déforestation que je viens d'évoquer a des conséquences catastrophiques que l'on imagine aisément et que je ne détaillerai pas. Je rappellerai simplement que l'effet est négatif aussi en Europe : les terrains en jachères qui sont à nouveau cultivés servaient de refuge à une partie de la faune et de la flore... Et sans même parler des "services écologiques" que l'on perd en détruisant tous ces écosystèmes.

 

Sur les pollutions : ces plantes sont généralement cultivées suivant le modèle productiviste affreusement gourmand en intrants (engrais, pesticides, etc) à l'origine de pollutions diverses (qui nous nuisent autant qu'aux autres êtres vivants, d'ailleurs). Ne parlons même pas des OGM avec tous les problèmes que l'on sait.

 

Sur le plan socio-économique : les surfaces et les productions ne sont plus utilisées pour nourrir les populations mais pour produire du carburant et on arrive à des situations aberrantes ! Les surfaces disponibles étant limitées (même en déforestant), cela engendre une concurrence entre filière "aliments" et filière "agrocarburants", et au final un renchérissement de l'alimentation qui aggrave encore la situation des populations qui ont déjà du mal à se nourrir et fragilise celles qui y parvenaient tout juste (on a vu ce qui s'est passé au Mexique récemment).

 

Et de toute façon, au vu des consommations actuelles, si on voulait passer intégralement en agrocarburants, pour couvrir les besoins il faudrait couvrir la planète de champs destinés à les produire, ce qui est irréaliste ! (Et il n'est même pas sûr que cela suffirait...)

 

Comme je l'écrivais dans un autre article, la priorité est donc aux alternatives (transports en commun, fret, etc) et à la réduction des besoins (organisation, etc).

 

Pour autant, doit-on clore définitivement le sujet ? Pas sûr.

- A petite échelle, des agrocarburants issus des huiles végétales pourraient être utilisés sur place par les producteurs d'oléagineux et constituer une approche tolérable.

- Plus généralement, la production des carburants à partir de la biomasse peut être intéressante, si certaines conditions sont respectées, notamment l'absence de pressions accrues sur l'environnement. Ceci pourrait être compatible avec la valorisation des déchets de l'agriculture et de la sylviculture (biomasse qui ne serait pas produite "exprès"). Il faut donc un effort de recherche vers la fabrication d'agrocarburants de deuxième génération, valorisant la biomasse ligno-cellulosique (chaumes de blé et de maïs, etc). Cela pourrait d'ailleurs être une alternative à la méthanisation, qui n'est pas toujours très propre (dans les dispositifs courants on se soucie du carbone, mais quid de l'azote et du phosphore par exemple ?!). Précisons tout de même que cette approche viendrait enrichir le bouquet des solutions disponibles, mais ne saurait en aucun cas constituer l'unique voie.

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Commentaires
F
Certains demandent même un moratoire : <br /> <br /> http://www.moratoire-agro-carburants.com/
F
Bonjour, pardon de vous répondre si tard mais je n'ai pas pu faire autrement. Voici quelques éléments... <br /> <br /> <br /> "partout sur terre la biomasse/m2 est largement supérieure en milieu naturel que sous contrôle de l'homme sans intrant"<br /> Je parlais de taux de fixation, c'est très différent (et d'autre part il est évident que les champs en question auront des intrants...)<br /> <br /> "du méthane super propre puisque les déchets sont alors un compost de très bonne qualité"<br /> Lorsque je parlais de "propreté", je pensais à la lixiviation de composés azotés et phosphorés dans les eaux d'infiltration (donc à terme jusqu'aux nappes...), car à ma connaissance on se soucie de récupérer le carbone (sous forme de méthane) mais parfois rien de spécial n'est prévu pour les autres éléments or ils peuvent être polluants... <br /> <br /> "Par contre je voudrais vous réclamer, fzanetti, un peu de rigueur intellectuelle : ""si on voulait passer intégralement en agrocarburants"" cette supposition est totalement irresponsable et fallacieuse. Pourquoi vouloir une solution unique ??? Pourquoi un tel raisonnement ? Expliquez-moi, l'intérêt ! vous avez des actions chez Total ?"<br /> J'estime justement avoir fait preuve de prudence et de mesure, mais peut-être n'ai-je pas explicité suffisamment certaines choses ? <br /> - Pourquoi parler de passer totalement en agrocarburants ? Ce cas est bien entendu virtuel (quoique... dans très peu de temps il y aura pénurie de produits pétroliers, et en attendant de pouvoir changer le parc automobile dans sa totalité, il faut bien prévoir une alternative et certains ont déjà dû penser à ce cas de figure), c'est une image, justement pour montrer combien, au vu des consommations actuelles, cette solution ne saurait tout résoudre à elle seule ! (et engendrerait plus de problèmes qu'autre chose finalement)<br /> - Je ne préconise absolument pas une solution unique, je l'ai même précisé tout à la fin de l'article ;-)<br /> - Et, si cela peut vous rassurer, en admettant qu'un jour j'en vienne à acquérir des actions, ce ne serait certainement pas chez Total... <br /> <br /> "(...) ça tue le débat par absence d'honneteté intellectuelle, alors pas chez vous, pitié, ça ne vous va pas"<br /> Nous sommes bien d'accord, il n'est pas question de réduire les choses à UNE pratique, mais au contraire de DIVERSIFIER. C'est d'ailleurs une des raisons de notre engagement au Mouvement Démocrate ;-)<br /> Et je vous remercie pour le compliment implicite sur notre -modeste- blog :o) <br /> N'hésitez surtout pas à venir le commenter... et à indiquer l'adresse du vôtre si vous en avez un (ou bien , dans le cas contraire, de nous proposer un article que nous pourrions publier, pourquoi pas une tribune ou un espace "témoignage" puisque vous semblez proche du milieu agricole... cela serait très intéressant)<br /> <br /> "Enfin, sur les agri-carburants, il faut être clair. La balance énergétique de l'éthanol est nulle : il faut un plus ou moins litre de pétrole (carburant, pesticides, engrais, presse, épuration... sans le transport!) pour produire un litre d'éthanol. L'éthanol fait seulement monter les cours des matières premières agricoles, donc les revenus de certains. Mais rien à voir avec l'huile végétale brute. l'huile vierge de tournesol par exemple ne nécessite que 0,3 litre de pétrole pour arriver dans une cuve et elle est directement utilisable" <br /> Je suis tout disposé à vous croire, mais il faudrait des sources pour ces chiffres... En tous cas merci pour ces informations et vos réactions ;-)
F
bonjour, j'ai lu votre commentaire avec intérêt, je vous répondrai dès que possible car il y a beaucoup de malentendus :-/
D
Bonjour<br /> ""Par contre je ne saurais dire si, au niveau de la fixation de CO2 par la photosynthèse, l'effet du remplacement des arbres par les plantes cultivées est négatif ou pas,"" <br /> Là-dessus aucun doute, partout sur terre la biomasse/m2 est largement supérieure en milieu naturel que sous contrôle de l'homme sans intrant. <br /> <br /> C'est quasi inversement proportionnel à son intervention. De même la polyculture est meilleure que la monoculture, car les variétés se complètent pour une utilisation optimale des ressources (espace, lumière, minéraux, eau...) et logiquement une foret, un taillis, un talus, une haie est incomparable avec aucun champ même bien soigné.<br /> Ça c'est pour la biomasse aérienne donc pour le carbone fixé mais aussi pour la capacité à le capter. Mais il est vrai que du feuillage, l'homme ne sait tirer que du méthane, mais du méthane super propre puisque les déchets sont alors un compost de très bonne qualité (google "méthanisation").<br /> <br /> Maintenant il faudrait aussi tenir compte de la "biomasse" du sol : l'humus, les racines et la mézofaune. Pourquoi ? La biomasse des 40 premiers centimetres du sol d'une prairie est divisée par 10 dans un champ de maïs classique made in Nov©rtis...Mais surtout disparition de 90% des espèces (champignons, bactéries, mézofaune), le désert.<br /> <br /> Par contre je voudrais vous réclamer, fzanetti, un peu de rigueur intellectuelle : ""si on voulait passer intégralement en agrocarburants"" cette supposition est totalement irresponsable et fallacieuse. <br /> Pourquoi vouloir une solution unique ???<br /> Pourquoi un tel raisonnement ? <br /> Expliquez-moi, l'intérêt ! vous avez des actions chez Total ?<br /> <br /> L'homme sur terre ne boit-il que de l'eau de source ? <br /> Ne se nourrit-il que de riz ? Que de poisson ? <br /> N'habite-t-il que dans la plaine ?<br /> Ce type de question est dangereux : l'homme n'est-il que blanc ? <br /> Ridicule, non ? ça tue le débat par absence d'honneteté intellectuelle, alors pas chez vous, pitié, ça ne vous va pas. <br /> <br /> Enfin, sur les agri-carburants, il faut être clair. La balance énergétique de l'éthanol est nulle : il faut un plus ou moins litre de pétrole (carburant, pesticides, engrais, presse, épuration... sans le transport!) pour produire un litre d'éthanol. L'éthanol fait seulement monter les cours des matières premières agricoles, donc les revenus de certains.<br /> Mais rien à voir avec l'huile végétale brute. l'huile vierge de tournesol par exemple ne nécessite que 0,3 litre de pétrole pour arriver dans une cuve et elle est directement utilisable et utilisée à 30% dans mon moteur diésel depuis 40 000 km. Ses déchets (tourteaux) sont utilisables pour l'alimentation du bétail. Bien-sur ça n'enlève pas les soucis de l'agriculture intensive.
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