Marine Le Pen, divine surprise

Il n'y a bien que la caste journalistique et les bien-pensants germanopratins (tous si proches du peuple comme chacun sait) qui ont trouvé le score de Marine Le Pen étonnamment – et désagréablement – élevé hier soir.

Car pour qui sort de sa tour d'ivoire et laisse traîner ses oreilles de ci de là (sans même envisager de prendre conscience de la souffrance d'une grande partie de la population, on ne leur en demande pas tant), ce qui est surprenant – dans le bon sens –  c'est plutôt qu'elle ne franchisse pas la barre des 20% : elle n'atteint même pas 18% au national et ne dépasse que rarement 25% sur le territoire.

Le score remarquable de Nicolas Sarkozy (plus de 27% malgré son bilan désastreux et son impopularité, fruit manifeste de la campagne Buisson-Guéant) explique en partie ce résultat, que l'on serait tenté de qualifier d'échec s'il n'y avait le nombre absolu de voix, préoccupant pour les élections législatives...

On pourrait penser qu'il n'y aura guère de conséquences en dehors de quelques "points chauds" localisés, puisque les candidats FN n'ont ni la notoriété ni le charisme de Marine Le Pen ou encore parce que les électeurs savent bien que les élections législatives sont plus sérieuses que la Starac' du printemps (dès lors qu'elles déterminent à la fois la politique menée par le gouvernement et les financements publics aux partis politiques).

Mais l'expérience des élections cantonales de 2011 invite à la prudence, puisque des inconnus n'ayant fait aucune campagne de terrain ont parfois pu récolter des scores très élevés, sur la seule base de l'étiquette "Bleu Marine"...

Le plus inquiétant ne serait donc pas l'élection de quelques députés FN (une force politique obtenant de tels scores aux élections a toute légitimité à être représentée au Parlement), mais bien les défaites massives de candidats UMP provoquées par des triangulaires face aux candidats PS.

Cela offrirait au PS une majorité de députés, ce qui serait dramatique du point de vue démocratique, puisqu'il aurait alors la mainmise sur toutes les institutions du pays (sauf le Conseil Régional d'Alsace) et donc toute latitude pour faire les bêtises qu'il annonce et bien d'autres encore. Funeste perspective...