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ataraxosphere
5 janvier 2011

Un plan simple pour l'Education Nationale ?

J'aimerais que ce soit possible, mais dans ce pays on est allé tellement loin dans le naufrage, qu'il faudrait revoir beaucoup de choses, le résultat ne pouvant donc se limiter à une courte liste de bonnes intentions généralistes… C'est en partie la raison pour laquelle je n'ai pas encore vraiment traité ce sujet dans ces colonnes, ne sachant par quel bout commencer ni surtout si le format d'un blog s'y prête réellement… mes contributions seront donc pour plus tard. Cette intervention fait écho à une interpellation de L'Hérétique (auquel j'ai emprunté l'expression choisie pour titrer ce billet) qui nous demande de réagir à ses propositions. D'ordinaire je suis relativement en phase avec ce qu'il dit (c'est même jouissif de lire ses diatribes contre les "pédagogols" qui ont saboté l'Ecole), tout comme avec les excellents Natacha Polony et Jean-Paul Brighelli. C'est pourquoi, par exemple, je n'ai pas réagi à l'absurde polémique sur la suppression des notes, n'ayant rien de particulier à ajouter à ce qui a été dit ici et . Mais pour une fois, je ne peux pas suivre L'Hérétique dans ses propositions, alors j'apporte mon petit grain de sel.


a) Réaffecter tous les moyens alloués à ce qui ne sert à rien : formation continue des enseignants, ni diplômante ni efficace, fausses disciplines surnuméraires telles que la découverte professionnelle, l'éducation civique ou encore l'EJCS au lycée, dépenses de fonctionnement idiotes en raison de la rigidité de la comptabilité publique (quasi-impossibilité de ré-allouer des postes budgétaires, minorité budgétaire des établissements auxquels on interdit de choisir eux-mêmes leurs prestataires) pour citer quelques exemples. En ce qui concerne la découverte professionnelle, il existe des troisièmes techniques et professionnelles de bon niveau, voire de très bon niveau, jusqu'à peu. Il suffit d'utiliser l'existant.


C'est un truisme que de vouloir revenir sur les dépenses inutiles, mais étant donné qu'elles perdurent dans les faits, il est fondé de le réaffirmer. Cette liste présente toutefois des éléments à préserver dans le principe, quitte à les modifier significativement (en quantité comme en qualité) par rapport à ce qui a cours : c'est notamment le cas de la formation continue des enseignants (indispensable dans les domaines scientifiques, ou pour l'immersion dans le cas des profs de langues mais je ne sais pas si cela fait partie d'un autre dispositif ou pas) ou de l'ECJS (même si je conviens que la pratique actuelle ne donne pas satisfaction). Quant à la découverte professionnelle, elle ne saurait se limiter aux filières d'études courtes, car les problèmes d'orientation (et leurs conséquences, notamment en matière d'échec universitaire) découlent en partie d'insuffisances en ce domaine ; mais il est évident qu'il faudra trouver des modalités plus adaptées et originales qu'actuellement.

 

b) Garantir à chaque établissement scolaire les moyens de mettre en place la remédiation pour les plus faibles (RASED et aide individualisée massive dans les écoles primaires), l'excellence pour les plus à l'aise (enseignement de l'allemand offert dès l'école primaire en alternative à l'anglais et garantie de sa poursuite au collège, langues anciennes partout, de l'établissement de centre-ville parisien à celui de la cité de Seine Saint-Denis).


D'accord avec ça. Ceci dit je ne vois pas pourquoi l'allemand serait réservé aux excellents ni même associé à l'excellence, cette langue n'a rien de difficile pour peu qu'on prenne le temps et les bonnes méthodes pour l'apprendre… Je pourrais même étendre cette remarque aux langues anciennes, étant donné que ces enseignements ne se limitent pas aux stricts aspects linguistiques (certes réputés plus ardus) mais comportent une forte dimension historique et littéraire…


c) Laisser une liberté totale d'utilisation de ses fonds et de sa dotation horaire à chaque établissement, en fixant toutefois quelques horaires plancher pour les disciplines fondamentales (français, mathématiques, histoire hors éducation civique, anglais). Faire de même pour l'organisation de ses enseignements et de ses classes, y compris en générant des groupes de niveau verticaux (ne tenant donc pas compte de la classe), par exemple en langues vivantes. Ces choix pourraient figurer dans un projet d'établissement pluri-annuel.


Là j'ai beaucoup plus de réserves. D'abord, évacuons un point : au-delà du primaire (avec le célèbre quatuor lire-écrire-compter-calculer) il n'y a *pas* de disciplines fondamentales et accessoires : l'anglais ne prime pas sur les autres langues (surtout quand on fait allemand première langue…), les sciences sont aussi importantes que l'histoire-géo (particulièrement dans le monde actuel dominé par les technologies, saturé de publicités semi-mensongères liées à la santé, confronté aux enjeux environnementaux, etc), le sport est essentiel tant du point de vue physiologique que social, etc. Au-delà, supprimer tout cadre national précis (en dehors de quelques bornes quantitatives) ouvre la porte à beaucoup de dérives, sans parler des conséquences en termes d'égalité républicaine e tutti quanti (et de la contradiction avec la mesure précédente sur les langes anciennes par exemple). Mais je reconnais que devant le désastre actuel, j'en viens à me demander s'il ne serait pas préférable de rendre possibles de telles pratiques différenciées en fonction des établissements, dès lors que le projet serait soumis à approbation des instances nationales et présenté aux parents avant l'inscription (lesquels se verraient alors proposer des solutions alternatives – et les moyens logistiques éventuellement afférents – en cas de souhait de ne pas y soumettre leurs enfants). Ceci permettrait peut-être de préserver quelques poches de transmission et de formation dignes de ce nom, non pas élitistes mais simplement performantes, et d'épargner à une petite partie de la jeunesse les conséquences funestes de l'incompétence des pédagogistes irresponsables ou des nouvelles générations d'enseignants (qui cumulent les tares, mal voire pas formées du fait des récentes réformes, mais également issues d'une scolarité de plus en plus lamentable, car ça y est les générations postérieures aux folies de Jospin & con-sorts à la fin des années 1980 accèdent à présent au CAPES et l'onde retard va aller en s'amplifiant vu la dégradation qui a suivi…).


d) En finir avec les évaluations bidons. Il ne doit plus s'agir de déterminer la compétence d'un élève, mais son niveau d'entrée dans un établissement, et son niveau de sortie. On peut le faire avec des exercices simples : la dictée, l'expression écrite (la rédaction), le calcul mental, les repérages et la capacité à formaliser mathématiquement des problèmes, la connaissance de la géographie du monde, de notre histoire et de notre civilisation ainsi que les grandes dates de la France. Des choses simples. On pourrait même économiser le coût du brevet. C'est évidemment la progression des élèves entre l'entrée et la sortie qui pourrait permettre de décerner un vrai label de qualité à l'établissement.


Oui et non. Il y a sans doute un malentendu sur le sens des mots… en fait c'est surtout le contenu de ce qui est évalué qui compte, ne chipotons pas sur compétences, connaissances et autres savoirs. Et la liste présentée ici offre une bonne base (à ajuster et compléter selon les niveaux considérés : pas besoin de demander trop d'histoire-géo pour le primaire, ajouter les sciences pour le collège, etc). Par contre, le brevet à la fin du collège, de même qu'un analogue de l'ancien certificat à la fin du primaire, sont essentiels. Par ailleurs, le critère de la progression, pour intéressant qu'il soit, ne saurait constituer seul la base de l'évaluation des établissements : le niveau aussi est important (il est crucial de ne pas envoyer des élèves en classe supérieure s'ils ne sont pas en capacité d'en suivre les enseignements pour cause d'acquis insuffisants, sinon cela revient à perpétuer le désastre actuel), et surtout il faut arrêter de considérer que les résultats des élèves permettent d'évaluer les enseignants ou les institutions (même s'ils font partie des éléments à considérer), car ils sont avant tout dus aux élèves eux-mêmes, qu'il s'agisse du travail qu'ils fournissent ou de leur acquis & lacunes de départ (par exemple les meilleurs profs du monde ne pourront pas faire grand-chose d'élèves de 3ème qui ne maîtrisent pas des fondamentaux de 6ème voire d'avant… mais je ne vais pas m'appesantir sur tout ça, j'ai déjà suffisamment répété qu'une grande partie des problèmes actuels ne sont que la conséquence de dysfonctionnements très précoces et que l'une des cibles prioritaires de l'action à mener se situe au niveau des apprentissages de base au CP/CE1).

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Commentaires
F
Merci pour ce témoignage, qui s'ajoute à une longue disponible ici ou là sur la toile, démontrant s'il en était encore besoin, le caractère ubuesque du fonctionnement actuel de l'institution... <br /> Ce petit billet de blog n'était là que pour répondre à celui d'un camarade, il est bien évident que lorsque nous en viendrons aux propositions notre démarche sera sérieuse et ne négligera pas les aspects "logistiques".
M
Avoir des points de vue sur la réforme de l'Education Nationale est intéressant mais il ne faut jamais oublier pour qui ou pourquoi nous préférons tel ou tel aménagement.<br /> Dépourvue d'idée globale sur le sujet, je constate avec horreur les conséquences de certains choix.<br /> Je me permets de vous livrer cet exemple particulièrement significatif :<br /> http://mamouchka.lesdemocrates.fr/2011/01/07/descartes-ta-methode-fout-le-camps/<br /> <br /> Mamouchka.
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