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ataraxosphere
9 juillet 2010

Manger bio (1/3) Kezako ?

J’écris rapidement cette première série à l'emporte pièce qui me trottait dans la tête depuis un moment, de mémoire sans consulter de sources particulières, réglementaires ou scientifiques. Si les débats nécessitent de creuser le sujet, on avisera ^^ (et il sera intéressant de constater que l’information passe… ou pas)

En gros, l’agriculture biologique est un mode de production alimentaire (culture/élevage - nous ferons abstraction ici des autres domaines comme le textile par exemple) censé être le plus « naturel » possible, en particulier sans recours à des « produits chimiques » (engrais, pesticides, etc) mais à des techniques alternatives (compost, lutte biologique, etc), et censé ainsi limiter ses impacts sanitaires et environnementaux (ne détaillons pas plus cette approche agronomique et idéologique).

Le terme de « biologique » peut sembler inapproprié dans la mesure où même les monstres génétiques, physiologiques et morphologiques abreuvés d’intrants « chimiques » (engrais, pesticides, hormones, antibiotiques, etc) que sont les plantes/animaux cultivées/élevés selon le modèle intensif « conventionnel », sont des êtres vivants constitués de cellules, qui croissent et se développent selon des processus… biologiques.

De plus, il faut bien comprendre que toute activité agricole, quelle qu’elle soit, comporte une dimension non naturelle - qu’il s’agisse des pratiques de culture et d’élevage ou encore des organismes domestiques eux-mêmes, qui n’ont souvent plus grand-chose en commun avec leurs ancêtres sauvages…

La confusion entre « naturel » et « artificiel » ne s’arrête pas là : les « produits chimiques » de synthèse sont proscrits, mais certaines préparations traditionnelles sont autorisées, comme la « bouillie bordelaise », mixture employée dans la lutte contre certaines « moisissures » (comme le mildiou de la vigne). Or, il n’y a aucune différence fondamentale entre le paysan en salopette qui mélange ses produits dans des bidons sous son hangar et le chimiste en blouse blanche qui introduit une solution à la pipette dans un ballon au laboratoire, il faut arrêter de phantasmer sur des clichés.

D’ailleurs, dans certains cas, la distinction est carrément fallacieuse : au niveau moléculaire, les composés sont identiques quelle que soit leur origine, ainsi par exemple un ion nitrate a la même structure et les mêmes propriétés, qu’il provienne d’une bouse de vache ou d’un réacteur industriel !

Passons sur les inepties du style « ce qui est naturel n’est pas dangereux » (il suffit de rappeler l’existence de poisons renommés comme la strychnine ou l’arsenic, parfaitement naturels…).

L’agriculture biologique est donc fondée sur des présupposés idéologiques en grande partie erronés, découlant entre autres d’une méconnaissance déplorable des processus concernés (ce n’est pas parce qu’on passe ses journées les pieds dans la boue à tripoter des plantes ou des animaux et que les grands-parents faisaient déjà pareil, que c’est fondé, qu’on sait ce qu’on fait ou qu’on a une plus grande légitimité qu’un autre à parler du sujet – ni a fortiori à prétendre le maîtriser, dans ses tenants comme dans ses aboutissants), signe supplémentaire s’il en était hélas besoin, de l’inculture crasse de la population en matière scientifique et particulièrement en chimie (ce qui n’implique pas que les chercheurs soient les seuls à pouvoir s’exprimer ni qu’ils ont toujours raison dans leurs préconisations, simplement s’ils font correctement leur travail – notamment en ne négligeant pas l’expérience de terrain – alors leur méthode d'étude et ses résultats sont les plus pertinents).

Pour autant, et parce qu’on ne saurait s’en tenir à de secs procès d’intention, il faut bien reconnaître que l’agriculture biologique pose de vraies questions et tente d’apporter des réponses à de vrais problèmes. Elle présente donc un intérêt certain dès lors qu’on l’envisage un peu rationnellement (sous sa forme actuelle il y a encore du boulot…). C’est ce que j’aborderai dans les deux autres volets de ce petit triptyque : « est-ce meilleur ? » et « est-ce plus cher ? ».

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Commentaires
F
Merci ! D'avoir lu... et validé :)
V
Excellent ! J'aurais pu écrire ça :-)
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