Peut-on encore faire confiance aux médias ?
Ce sujet a déjà été abondamment traité, en particulier par Jean-François Kahn depuis longtemps et encore récemment dans un livre co-écrit avec deux autres journalistes. Mais au-delà des problèmes de manque de moyens, d'instantanéité, de panurgisme, de connivences diverses ou d'autocensure très répandus, se posent deux questions essentielles : celles de l'objectivité et de la compétence des journalistes. Certes il existe encore de vrais journalistes qui vont chercher l'information à la source (le cas "extrême" étant le reporter qui enquête sur le terrain à la manière d'un détective) pour la transmettre au public (les médias sont d'abord et surtout des relais). Mais la plupart ne sont plus aujourd'hui que des gratte-papier - ou plutôt désormais des tape-clavier - qui ne font que recopier des dépêches (AFP ou Reuters essentiellement) et des communiqués de presse (notamment gouvernementaux...), qu'ils ne comprennent parfois même pas ni ne vérifient (en témoignent les confusions fréquemment constatées sur les noms propres, certains chiffres ou sujets techniques) ; ou alors ils se bornent à exprimer des opinions (et non des informations) au travers d'éditoriaux ou pseudo-articles d'analyse (qui sont en fait des tribunes) qui alignent les lieux communs et les leçons dogmatiques du "camp" qu'ils promeuvent (directement ou par ricochet via leurs propres convictions individuelles). A la discutable simplification à outrance qui prévaut (pour des raisons de rapidité, d'accessibilité/vulgarisation, et d'autres moins avouables...) s'ajoute l'incompétence sur la plupart des sujets, techniques ou politiques. J'en ai fait l'expérience ces dernières années avec trois dossiers que je maîtrise ou que je connais bien pour les avoir vécus de l'intérieur : les OGM, la crise du monde de la recherche et de l'enseignement supérieur (notamment universitaire), le Mouvement Démocrate. Dans ces trois cas, outre sa partialité quasi-constante, l'information disponible dans les médias "principaux" (écrits et audio-visuels) est incomplète, approximative voire carrément fausse (et pas toujours délibérément). Des médias pluralistes et sérieux sont pourtant l'une des conditions fondamentales de la démocratie : sans information fiable, pas de débat ! (et des votes sans aucune valeur donc des élections nulles)