Le redoublement, un pis-aller ?
Oaz m'a tagué dans une chaîne sur le sujet (je n'ai d'ailleurs jamais compris cette expression : elle s'appliquerait à une troisième fois...) alors voyons un peu ce que je peux raconter...
Sans avoir étudié de près la question, ni réfléchi longuement, je pense pouvoir dire que, comme pour tout ce qui concerne le domaine éducatif, on ne peut pas donner de réponse unique et généralisable à toutes les situations : il faut voir au cas par cas. Il y a de multiples raisons possibles au fait qu'un élève n'ait pas le niveau suffisant pour passer en classe supérieure et ces causes (difficultés familiales ou sanitaires, manque de maturité, etc) peuvent avoir disparu l'année suivante ; de même l'élève peut être motivé pour "refaire" son année et dans ce cas il faut respecter son choix et l'encourager. Cela dépend aussi du niveau considéré : ce n'est pas la même chose en terminale (où la plupart des redoublants finissent par avoir leur bac) qu'en quatrième/troisième ou seconde ou qu'en CP/CE1... parfois les adolescents ont accumulé de telles lacunes et font preuve d'une telle mauvaise volonté qu'un redoublement au même niveau dans les mêmes conditions n'a strictement aucun effet... Dans les cas difficiles, il faut prévoir des solutions spécifiques et adaptées aux besoins (je trouve intéressante l'idée des classes passerelles évoquée par L'Hérétique). Il est clair que beaucoup de choses se jouent très en amont, dès l'école primaire ; il est donc inconcevable de continuer à envoyer au collège un quart d'illettrés (et un autre quart de galériens) comme c'est le cas actuellement. Si on peut encore agir au tout début de la scolarité, on constate toutefois qu'en l'absence de mesures spécifiques, de nombreux redoublements aux niveaux suivants sont inefficaces. Il est pourtant tout aussi inutile, et même dangereux, de laisser passer en classe supérieure des élèves qui n'ont pas le niveau requis (je l'ai expérimenté à de nombreuses reprises avec les cours que j'ai donnés à des collégiens et lycéens depuis quelques années). Alors, tant qu'ils existeront (mais ils devraient se résorber si l'on prend les mesures appropriées au primaire), il faut donc faire en sorte de traiter ces différents cas, quel qu'en soit le coût (classes intermédiaires de rattrapage, accompagnement individualisé, etc ; je ne parle pas d'orientation car une instruction minimale est indispensable pour mener sa vie d'adulte et particulièrement exercer sa citoyenneté). Il faut savoir ce que l'on veut... et puisque l'éducation est à la base de tout, ce n'est pas un investissement gâché et les objectifs doivent primer sur les considérations budgétaires. On ne peut que déplorer les arrière-pensées financières qui président à la remise en cause du redoublement par le pouvoir actuel sans solution alternative.