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ataraxosphere
27 août 2009

NON aux primaires !!!

Une idée saugrenue circule depuis quelques temps au MoDem : le choix des candidats aux élections par un vote des militants ou, plus farfelu encore, par l'ensemble des sympathisants non membres du parti. Bien que je n'en aie plus le souvenir, il se peut que j'aie été un temps favorable à la première option ; heureusement, j'y ai depuis réfléchi et j'y suis désormais fermement opposé, pour diverses raisons que je vais tenter d'expliquer ici (et qui recoupent un certain nombre de réflexions émises -plus concisement qu'ici!- par le sage Joseph et l'étonnante Marie-José Votier que j'ai découverte avec plaisir cet été sur Générations Engagées, "le site où on passe ses soirées" lol).

Evacuons immédiatement la seconde option, celle du choix élargi. On ne voit pas pourquoi des personnes non membres du parti auraient leur mot à dire sur les candidats : si elles sont si intéressées, qu'elles adhèrent, cela aura de plus l'avantage de leur apporter plein d'autres choses bien plus intéressantes, à commencer par des informations plus abondantes et fiables à propos des idées et du programme du MoDem, qui ne sont quasiment pas relayés par les médias (et mal, quand c'est le cas). Cette démarche volontaire est au coeur de la citoyenneté, car ce n'est pas en quelques jours ou semaines avant des élections à travers quelques tracts & flashes médiatiques que l'on se renseigne sur les idées d'un parti : un travail de réflexion de fond est indispensable pour un vote éclairé, conditio sine qua non de la démocratie. De la même manière que l'on ne peut que déplorer le faible taux de syndicalisation dans ce pays, on ne peut que regretter le faible taux d'encartement dans les partis politiques, encore dix fois moindre (!). 

Mais revenons à nos affaires. On pourrait également objecter que les citoyens devraient avoir leur mot à dire sur les personnes qu'ils élisent et ne pas se les faire imposer par une minorité de militants voire de quelques responsables de partis politiques. C'est une remarque très juste, mais HORS SUJET ACTUELLEMENT. Ces problématiques doivent être traitées dans le cadre d'une refonte globale de notre "démocratie" (pour qu'elle en devienne une...) et notamment de ses modes de scrutin (que je présenterai une autre fois). En clair : généraliser le processus à l'ensemble des partis & élections, en s'affranchissant de certains biais comme l'entrisme (il serait trop facile à des adversaires politiques de participer aux primaires et de faire désigner le plus mauvais candidat...) et de divers problèmes matériels ou logistiques dans l'organisation du processus. Certains pays nous offrent une expérience opérationnelle qu'il faudra creuser. Mais je n'en dirai pas plus cette fois-ci. 

Abordons à présent la première option, celle du choix exclusif des militants. La question de l'entrisme est là encore suffisante pour la rejeter. Mais ce n'est pas le seul problème. Outre les difficultés matérielles (déjà abordées sur GE) qu'implique un processus réellement démocratique, cela poserait de graves problèmes au sein du parti. Car la présence de personnalités candidates à la candidature, non seulement génère une ambiance courtisane et/ou de fan-club hautement délétères pour un parti (surtout quand il prétend faire de la politique autrement et sainement), mais crée également de graves tensions, des divisions et des blessures qui ont énormément de mal à cicatriser - et aucune chance compte tenu des délais et du rythme électoral en vigueur dans notre pays.

Et puis de toute manière, on a bien vu au cours des différents scrutins internes depuis 2007, que les responsables ne veulent pas de la démocratie interne. Ce n'est pas forcément un problème (j'ai de nombreuses fois expliqué qu'un parti n'avait pas vocation à fonctionner comme une société en miniature et que le MoDem n'était pas là pour servir de catharsis aux frustrés de la vie politique française et de son grave déficit démocratique) et en tout état de cause ce n'est pas la priorité (ce qui ne signifie pas qu'il faille négliger tout effort dans le domaine de la communication et de la participation en interne!). Cet enjeu est intéressant, mais reste un objectif à moyen terme. La société n'est pas mûre pour cela et il y a des enjeux plus prégnants. D'ailleurs on sait très bien comment ça se passe : il est très facile aux responsables en place d'obtenir un nombre suffisant de votants et de remporter les scrutins internes. Je préfère amplement une prise de responsabilité transparente et assumée des responsables nationaux dans le choix des candidatures, plutôt qu'un pseudo-scrutin truqué au résultat paré des atours de la démocratie dans l'hypocrisie la plus complète. 

De manière générale, je ne cesse de le clamer, il faut bien comprendre que la démocratie ce n'est pas la loi du nombre ! J'aurai l'occasion d'y revenir. Et quoi qu'il en soit, certains enjeux ou un besoin de cohérence peuvent dépasser le choix des militants (encore une fois cela ne signifie pas qu'il faut tout imposer d'en haut sans un mot d'explication ni consultation préalable). 

Ceci m'amène à quelques éléments supplémentaires de réserve au sujet des primaires internes : les parachutages et les composantes du mouvement. 

On critique beaucoup les "parachutages" de candidats en des lieux géographiques où ils n'avaient ni travail ni domicile et donc dont ils n'ont a priori pas à s'occuper. Je pense que dans certains cas, et en dehors des élections ultra-locales où la connaissance du quotidien de la population est importante (élections municipales des petites & moyennes communes), ce refus ne se justifie pas et le "parachutage" n'est pas forcément un drame. Je ne vais pas me lancer dans un plaidoyer mais il me faut étayer un peu cette position. On peut imaginer des tas de situations où une personne de valeur utile au pays peut être mise en avant hors de sa localité d'origine. Par exemple lorsqu'il y en a plusieurs dans la même ville et qu'il n'y a qu'une place éligible, ou lorsqu'il s'agit d'une circonscription "imprenable", ou encore compte tenu des exigences de la parité et des diversités par exemple (rappelons au passage que malgré la confusion qui règne dans les têtes de bien des gens, les députés n'ont pas un mandat territorial mais national, bref j'aborderai ça une autre fois). Ne détaillons pas plus car ce billet est déjà suffisamment long, mais gardons à l'esprit que ce qui importe, c'est d'abord les qualités de la personne et son utilité pour le pays et la population à travers son mandat. Et qu'on ne vienne pas parler de "légitimisme" pour des membres locaux qui s'estimeraient lésés : nous ne sommes plus (censés être) dans un système féodal (ça ne tiendrait qu'à moi je virerais illico presto les "journalistes" qui emploient le terme de "fief") et puis ce qui doit leur importer c'est la mise en oeuvre de leurs idées pour le pays et non leur carrière personnelle (d'ailleurs il faudra aussi que je parle de la nécessaire "déprofessionnalisation" de la politique). Je suis écoeuré quand je lis des querelles entre des personnes qui partagent les mêmes idées mais se déchirent et se détruisent (et le parti avec) pour de stupides questions de nominations ou de places sur des listes...

Voyons enfin un dernier point dans ce panorama non exhaustif (je traiterai les autres dans les commentaires si nécessaire) : les composantes du parti. Le Mouvement Démocrate a une structure sociologique et idéologique complexe héritée des origines multiples de ses fondateurs (et des membres qui l'ont rejoint ensuite, car il y en a toujours et pas seulement des taupes!) :

- des membres de l'UDF (très divers) et des membres de CAP21, les deux partis fondateurs,

- des membres venus d'autres partis, notamment des Verts et du PS,

- des membres dont c'est le premier engagement en politique (l'une des grandes victoires de ce parti, même si ce n'est hélas bientôt plus qu'un souvenir...).

Ajoutez-y d'éventuels alliés conjoncturels pour certaines élections, comme ce sera peut-être le cas de certaines formations écologistes et/ou régionalistes pour les prochaines élections régionales début 2010.

Comment voulez-vous obtenir une juste représentation des compétences et des sensibilités (sans parler de la parité et des diversités) aux places éligibles des listes par un processus de primaires internes ?! Un tel processus conduirait sans nul doute à une distribution reflétant surtout le poids démographique des différentes catégories, avec "prime aux majoritaires", et excluant de fait les "petits" (certains écologistes, les nouveaux arrivants en politique sans réseaux internes, etc) qui recèlent pourtant d'excellentes compétences (elles ne sont pas -encore- toutes parties...). Entendons-nous bien : je ne suis pas favorable à une représentation proportionnelle des différentes sensibilités à la manière d'un système à quotas. Mais il est clair que dans ce vivier formidable que constituent ces catégories il y a des talents qu'il faudra absolument mettre en avant (donc à des places éligibles sur les listes) indépendamment des élus sortants et des catégories démographiquement majoritaires dans le parti ; et je doute fortement que cela puisse se faire simplement sur la base d'une élection interne sans intervention des responsables nationaux.

Ces quelques éléments étant posés, je tiens à rappeler que je ne méprise ni ne néglige les processus internes participatifs. J'estime même qu'ils sont notre objectif à moyen terme, car ils sont indispensables à l'avènement d'une véritable démocratie en ce XXIème siècle. Dans l'intervalle, je prône un processus tel que défini par Sébastien Dugauguez il y a quelque temps.

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Commentaires
F
Moi aussi je suis content de lire ce texte ! Nous avions en plus eu des discussions là-dessus.<br /> <br /> Quant au PS, ses primaires à l'intérieur du PS pourquoi pas, mais alors avec toute la gauche c'est complètement anti-démocratique ! D'ailleurs je me demande ce que le PS irait faire avec le Parti de gauche ou même le PCF...
F
Merci pour vos réactions, je ne peux pas vos répondre tout de suite mais je repasserai.
M
laissons lui ces petits plaisirs ... restons nous même ... prévoir des alliances n'est pas si diluer dedans ... OUF !!!, enfin, j'espère ...
M
Les primaires, c'est une affaire de circonstances, de tradition... Je ne suis pas systématiquement contre mais pas non plus pour dans tous les cas ! <br /> <br /> Je ne crois pas que le PS ait vraiment le choix, trop d'éléphants, trop de candidats à la candidature parmi les pointures du parti !<br /> <br /> Pour ce qui est du Mouvement Démocrate, et concernant la présidentielle, je suis absolument hostile à une primaire, je ne vois en effet qu'un candidat susceptible d'avoir une chance d'être élu ! Je suis aussi contre les plébiscites inutiles, travaillons à nos propositions de programme !
M
Plutot en accord avec la teneur de ce billet, vous évoquez les réseaux internes, peut-etre faudrait-il aussi évoquer les externes, qui expliquent les mouvements sous forme de vagues flux et reflux dans les quotas d'adhérents tous partis confondus. ;)
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