Ni Seigneurs de la Mer, ni même Saigneurs, mais bel et bien Saignés - la Tragédie des Requins
Bande Annonce Les seigneurs de la mer, (SHARKWATER) 9 avril
envoyé par tuttifruttirobot5
Ce soir je suis allé voir un
documentaire remuant - dans tous les sens du terme... (site officiel ici)
Réalisé par Rob Stewart, un jeune biologiste courageux, il met en lumière l'un
des plus grands massacres en cours sur la planète... dans l'indifférence
(quasi)-générale : celui des requins, toutes espèces confondues. Il bat
également en brèche nombre de clichés répandus au sujet de ces êtres fascinants
et pourtant si détestés. Autant le dire, certaines scènes sont très dures ;
mais d'autres sont d'une beauté à couper le souffle. L'histoire est captivante
et révoltante (à travers l'histoire de ce jeune passionné, on suit les
tribulations d'un petit groupe d'activistes écologistes face aux braconniers et
aux mafias contrôlant le trafic d'ailerons, sur fond de corruption des pouvoirs
publics).
Je ne vais pas reprendre tous les
éléments, mais il faut bien être conscient de la tragédie qui se joue et de la
gravité des enjeux. En bref et en vrac :
- les requins ne sont pas
agressifs envers les humains, ils ne sont responsables que de très peu
d'attaques et d'encore moins de morts (dans l'absolu et encore plus au regard
de l'exposition et en comparaison d'autres animaux),
- les requins sont actuellement
décimés à travers le monde (les effectifs auraient chuté de 90%), à raison de plus
de 100 millions par an, par sottise et haine (comme l'ont été les loups en
France, "pour rendre la nature sûre"... du moins à court terme), mais
surtout pour leurs ailerons (après découpage à vif le requin est rejeté à la
mer où il agonise), vendus très chers en Asie et à l'origine d'un commerce
lucratif gigantesque (en grande partie aux mains de mafias),
- ce sont les principaux
prédateurs des écosystèmes marins, dont ils constituent d'importants
régulateurs (par leur position au sommet des pyramides trophiques, au bout des
chaînes alimentaires),
- sachant que les océans sont les
principales zones d'absorption du fameux dioxyde de carbone et de production du
dioxygène que nous respirons (via le phytoplancton), on imagine avec effroi les
conséquences sur l'atmosphère que pourrait avoir la disparition de ces
prédateurs (leurs proies animales se mettant à proliférer, elles se
nourriraient plus qu'abondamment de ce phytoplancton...),
- les dernières zones où les
requins sont encore nombreux sont de plus en plus menacées, comme les îles
Galapagos et Cocos (dans le Pacifique Est, pourtant en sites protégés) dont il
est question dans le film (en cas de disparition, comment justifier cette
négligence auprès des générations futures ?) ; l'absence de réglementation dans
les eaux internationales (donc la majeure partie des zones pélagiques, où
flottent des lignes de plusieurs dizaines de kilomètres de longueur, capturant
toutes sortes d'animaux sans sélection - imaginerait-on dans des forêts des
kilomètres de pièges capturant toute la faune sans distinction ?!) n'arrange
pas les choses...
Cette barbarie doit absolument
cesser ! Malgré ce tableau très pessimiste et le fait que la communication pour
la protection des requins est encore plus difficile que pour les baleines (même
Greenpeace semble se résigner à les délaisser), il reste de l'espoir (on voit
par exemple la mobilisation des populations lors de manifestations au Costa
Rica pour protester contre la corruption de l'Etat). Pour ne pas priver les
générations futures de requins (qu'il s'agisse d'esthétisme ou de leur rôle
écologique, entre autres), pour agir, le réalisateur vous invite à visiter ce
site.