Appel à manifester pour le service public d'enseignement supérieur et de recherche
Voici l'appel du collectif Sauvons La Recherche :
Les réformes dont le service public de l’enseignement
supérieur et de la recherche a besoin sont conditionnées par de grands choix
politiques. Ceux du gouvernement ne sont pas affichés, mais ils sont clairs.
Pour lui, il faut tout contrôler et tout rentabiliser. Ainsi, ces réformes
visent :
1) A instaurer un contrôle politique serré de ce
service public grâce à des agences pilotées par le ministère, ce qui revient à
brider la créativité des acteurs de la recherche en leur retirant toute
possibilité d’autonomie, tout en disant le contraire.
2) A minimiser les investissements indispensables à
faire pour l’enseignement supérieur et la recherche, ce qui ne fait qu’aggraver
les conditions d’accueil, déjà déplorables, des étudiants, et risque de mettre
ce service public en situation de dépendance par rapport à d’autres sources de
financement, principalement privées. Le projet de budget 2008 prévoit 6
millions d’euros supplémentaires (moins que l’inflation) pour la recherche
universitaire, et aucun emploi nouveau permettant de favoriser l’activité de
recherche, d’améliorer l’encadrement pédagogique et de faire face aux nouvelles
missions dévolues à l’enseignement supérieur (orientation,
professionnalisation).
3) A imposer au système d’enseignement supérieur et
de recherche des objectifs et un mode d’organisation calqués sur celui des
entreprises privées. Or la recherche du profit maximum et de la rentabilité
immédiate ne sauraient être les références absolues de l’enseignement ni de la
recherche, pas plus que celle d’autres services publics comme la santé ou la
justice.
4) A constituer une structure rentable pour former rapidement des travailleurs employables immédiatement. Ainsi, ne sont prises en compte ni l’importance de la transmission des connaissances, ni la nécessité de former des futurs travailleurs capables de s’adapter à un monde et des métiers en constante transformation, ni celle de former des citoyens éclairés et responsables.
Ces choix fondamentaux du pouvoir actuel sont en totale contradiction avec nos propositions. Ils sont inacceptables, et doivent être dénoncés. Sauvons la Recherche appelle donc l’ensemble des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche à se joindre aux manifestations du 20 novembre, qui concernent l’ensemble des services publics.
Nous défilerons le 20 novembre non seulement pour
dire non à la loi LRU et au pacte pour la recherche, mais aussi pour demander :
a) L’arrêt immédiat du processus de démantèlement du
système national de recherche. Celui-ci doit être fondé sur un équilibre, à
développer fortement, entre universités et organismes de recherche.
b) Une répartition complètement modifiée des
affectations de moyens pour l’enseignement supérieur et la recherche : beaucoup
moins à l’ANR et au Crédit Impôt Recherche, beaucoup plus aux établissements
(universités et organismes de recherche) et aux laboratoires.
c) Un programme d’embauche de 5000 personnels
statutaires par an pendant 5 ans pour l’ensemble du secteur, afin d’abaisser le
service d’enseignement des enseignants actifs en recherche à 150h par an, et de
renforcer l’encadrement pédagogique en premier cycle. Ce programme permettrait
de redonner enfin de l’attractivité à la recherche vis-à-vis des jeunes qui
s’en détournent.
J'adhère
globalement aux déclarations 1) à 4) et aux revendications b) et c), même si ma
position est plus nuancée (je l'expliquerai au cours des semaines qui viennent
dans la suite de ma série d'articles dédiée, mais je dois poursuivre mes
lectures).
Je défilerai donc aux côtés des chercheurs ce mardi 20 novembre à
Paris.
Je
précise provisoirement ici, qu'au stade actuel de mes lectures, je considère
que la loi LRU présente de nombreux points intéressants, pour peu qu'ils soient
complémentaires, et non substitutifs, du fonctionnement actuel des universités
; le problème réside donc plutôt dans le fait que le gouvernement veut imposer
ce mode de fonctionnement comme le seul, et c'est là qu'est le danger, plutôt
que dans la nature même des mesures... Nous en reparlerons ici même.
Par
ailleurs, les problèmes auxquels est confronté le monde de la recherche et de
l'enseignement supérieur ne découlent pas que de cette loi (même si elle occupe
actuellement le devant de la scène notamment à cause de la présentation
caricaturale qui en est faite par les bloqueurs de facs) et il y a de nombreux
autres motifs d'insatisfaction... et donc de manifestation.