02 octobre 2007
Grenelle de l'Environnement : fin de la première phase (IV) ; deuxième phase (II)
Ce soir, il est plus que temps de passer aux points négatifs ou discutables de ce Grenelle de l'Environnement. Et pourtant... Devant l'ampleur de la tâche (titanesque!) j'ai décidé de commencer par énoncer quelques principes fondamentaux qui devront être exprimés avec vigueur et dont l'application devra être exigée fermement au cours de cette brève consultation des publics. En effet, leur mise en oeuvre implique et inclut tout une série d'autres mesures qui en découlent... naturellement ^_^
Le premier, et probablement le
plus important, c'est le principe d'action par priorité à la source : il
faut traiter les sujets le plus en amont possible, agir en priorité sur les
causes plutôt que sur les conséquences, qui pourront alors se résorber du fait
des transformations en profondeur qui auront eu lieu (mais ATTENTION ça ne veut
pas dire que tous les efforts sur les points en aval doivent être abandonnés,
bien au contraire ! simplement il faut mettre le paquet sur les premiers
maillons de la chaîne, que ce soit en plus ou seul). Cela paraît évident,
notamment pour les enjeux environnementaux... et pourtant, c'est insuffisamment
le cas dans les propositions issues de ce Grenelle (du moins pour ce que j'en
ai lu pour l'instant - je sais que des associations ont fait des propositions
fortes et sacrément bien fichues, mais elles ne font malheureusement que
rarement consensus...).
Un exemple : l'énergie. C'est bien beau de vouloir développer les énergies renouvelables, et je suis à fond pour une recherche forte sur ce thème (quoique... il faudrait faire un peu de tri là-dedans ; mais c'est un autre débat, sur lequel je reviendrai peut-être). Mais compte-tenu de l'urgence de la situation et de leur part actuelle dans le bouquet énergétique (en clair : l'épaisseur du trait dans les diagrammes en camembert), il est illusoire d'attendre une quelconque efficacité à court (et peut-être même à moyen) terme. La priorité, c'est la réduction des consommations, par la réduction des gaspillages et des pertes, mais aussi par la réduction des besoins. Je sais que Jean-Marc Jancovici est également sur cette ligne, et bien que je ne sois pas retourné sur son site depuis pas mal de temps, je vous y renvoie, je pense qu'on peut avoir confiance en son propos (et même si on n'est pas d'accord avec tout, c'est toujours intéressant de réfléchir et d'argumenter!).
Autre exemple : les déchets. C'est bien beau de parler de tri sélectif et de valorisation. Mais il est encore plus important de réduire les quantités, à commencer par tous ces emballages inutiles !
Un autre principe fondamental dans
les questions environnementales est l'approche globale, dite aussi systémique
ou intégrée (tant dans l'espace que dans le temps). Tout
se tient, comme dirait l'autre, et les problématiques comme leurs solutions ne
sauraient être déconnectées les unes des autres. Dans un souci de cohérence,
d'efficacité mais aussi de sécurité et d'anticipation, il est indispensable
d'examiner minutieusement les implications des décisions prises, les effets en
cascade, dans tous les domaines concernés, à court, moyen et long terme.
Un exemple : les mesures visant à
dissuader les automobilistes d'utiliser leur véhicule (ou à les inciter à ne
pas le faire, car on doit toujours jouer avec les deux leviers : le bâton et la
carotte, le négatif et le positif) doivent être accompagnées en parallèle de mesures
fortes sur les alternatives telles que les transports en commun (et, plus
en profondeur encore, des besoins en déplacement : organisation du travail,
etc... vous voyez que cela emmène très loin - et nécessite du temps pour en
discuter).
Autre exemple : dans le cadre de
la protection de la biodiversité, il ne suffit pas de protéger les êtres
vivants contre les atteintes directes (chasse, commerce, etc) mais il faut
impérativement préserver leur habitat, contre les atteintes visibles
(déforestation, urbanisation, etc) ou moins évidentes (pollution chimique
diffuse, etc) - et ce dans des conditions appropriées, à commencer par la
taille des espaces concernés et les possibilités de circulation et d'échanges
pour ces organismes vivants... (ATTENTION cela ne signifie pas automatiquement
qu'il faut proclamer des interdictions totales de prélèvements ou mettre des
espaces sous cloche... mais c'est un vaste sujet que je ne développerai pas
plus cette fois-ci), ainsi que par exemple l'effectivité et l'adéquation de la
surveillance et des sanctions éventuelles.
Un principe que je trouve également important est l'équité
pour les efforts demandés aux différents acteurs de la société (schématiquement
: les citoyens, les entreprises, l'Etat). On a pour l'instant l'impression
(mais j'espère me tromper) que les dispositifs proposés qui concernent les
citoyens sont à la fois incitatifs et dissuasifs, tandis que ceux qui
concernent les entreprises sont essentiellement incitatifs... et moins
nombreux. Quant à l'Etat, sa mention semble bien discrète... Et pourtant, l'implication
forte de tous les acteurs dans l'action est indispensable, tant pour des
raisons d'équité que d'efficacité. L'action individuelle a toute son importance
mais trouve des limites et l'action collective doit prendre le relais. Inutile
de rappeler que ces deux niveaux d'action ne s'opposent pas mais sont
complémentaires.
Il faut notamment exiger l'exemplarité
de l'Etat, dans TOUS les domaines : énergie (consommations,
bâtiment, etc), matières premières & déchets (papier, etc), pollution
chimique (produits employés : pesticides, peintures et autres émetteurs
intérieurs, produits d'entretien, etc), biodiversité (savez-vous que l'on
importe des bois tropicaux avec vos impôts pour faire des parquets et des bancs
?), etc... sans parler des engagements externes comme le développement des
transports en commun, du fret, etc. Il faut également réclamer un
positionnement ferme à l'international, que sur l'environnement aussi la
France fasse entendre une voix originale et forte, porteuse de progrès et
d'espoir.
J'ajoute également le respect
de la citoyenneté : pour qu'elle puisse s'exercer encore faut-il que les
citoyens en aient la possibilité. Je prendrai deux exemples :
- l'importance de l'évaluation,
de l'expertise contradictoire et de la transparence, sur tous les
sujets (on pense aux OGM... mais tout le reste est concerné), à tous les stades
des procédures ;
- l'information sur les produits de consommation : un étiquetage complet est indispensable pour que le consomm'acteur puisse faire des choix et mettre en application sa volonté ; ainsi nous devons exiger que figurent sur TOUS les produits, non seulement la liste complète de TOUS les ingrédients, composants et autres additifs (quitte à recourir à un système de code dont la liste serait disponible sur internet et en mairie par exemple, à l'image des fameux E123 & co), mais également leur pays d'origine (je boycotte et suis ulcéré par tous ces produits qui ne comportent aucune mention de provenance, ou seulement l'insolent "transformé en") (cette préoccupation n'est d'ailleurs pas seulement environnementale, mais également sanitaire, socio-économique, éthique, etc), le contenu en CO2 et en hectares d'empreinte écologique (même si les modalités de conversion restent à définir... et qu'il faudra un système de référence disponible pour le public pour comparer car des chiffres isolés n'ont aucune signification), pourquoi pas aussi le kilométrage (la formule reste à définir : somme de tous les composants ? moyenne ?)...
Je ne vais pas vous assommer plus
longtemps ce soir, j'espère que ces quelques principes vous seront utiles, que
ce soit pour les exprimer tels quels ou bien pour enrichir votre réflexion et
vous permettre d'examiner les propositions officielles à leur aune, lorsque
vous irez les commenter sur les forums dédiés (avant le 12 octobre, n'oubliez
pas !) et en région (une seule date par site du 5 au 19 octobre, ne loupez pas
le coche !).
Commentaires
Justement, je n'ai pas encore vraiment traité le négatif ! Il y en a tant... à commencer par les agrocarburants (mais c'est loin d'être aussi simple, il faut que je fasse un post exprès là-dessus).
Ce que je raconte dans ce message vient de moi, hélas pas des propositions officielles (même si les associations soutiennent peu ou prou ces principes).Proposition pour Paris
Et si pour commencer une proposition concrète, on revoyait le plan des bus dans Paris. Je suis pour la suppression pure et simple de tous les bus qui doublent le métro, c'est à dire de la plupart de lignes qui ne sortent pas de Paris. A commencer par la majeure partie des lignes 30, 54,65 et 84 pour commencer... Ce serait de la pollution visuelle, sonore et olfactive en moins... des arrêts de bus à démonter et ne plus entretenir et des bus à redéployer en banlieue, c'est à dire là où il faut ainciter les gens à prendre la voiture avec des transports performants. Le même problème existe à Marseille où les bus font doublon avec le métro et parfois à Lyon mais c'est de plkus en plus rare. Lille à ce sujet est exemplaire : aucune ligne ne dessert plus de deux stations de métro successives.
Du négatif ?
Je ne trouve pas que ce soit négatif ce que tu dis là. C'est plutôt encourageant même parce qu'il y a des idées. L'exemplarité de l'Etat, ouiça paraît une évidence et pourtant !
A ce qujet, les deux Régions que j'ai connues (Nord Pas de Calais sous la présidence de Marie-Christine Blandin et Rhône-Alpes sous Charles Millon brièvement puis Anne-Marie Comparini) étaient plus exemplaires, notamment pour les lycées HQE (haute qualité environnementale, qui pour moi devrait être la norme des bâtiments publics)....